Irak. Amnesty International est vivement préoccupée par le nombre croissant de civils tués, dont certains sont victimes de discrimination

Déclaration publique

MDE 14/030/2006

Amnesty International s’alarme de ce que des civils continuent d’être tués en Irak et de ce que les autorités irakiennes ne parviennent pas à mettre fin à ces homicides et à déférer à la justice les meurtriers. Au cours des derniers mois, des centaines de personnes auraient été tuées chaque semaine par des attentats suicides et des explosions et dans un climat d’intolérance croissante à Bagdad et dans d’autres villes et villages.

Selon un rapport récent des Nations unies, 5 818 civils ont été tués et au moins 5 762, blessés en mai et juin 2006. Aujourd’hui, jeudi 10 août, 35 personnes auraient été tuées dans un attentat suicide dans la ville méridionale de Najaf. De plus, de très nombreuses personnes, pour la plupart des hommes et des jeunes hommes, ont été enlevées et assassinées ; souvent, ils ont eu les mains liées et ont été torturés avant d’être tués.

Les homicides se poursuivent en dépit d’une vaste opération impliquant des milliers de soldats irakiens et du déploiement récent de près de 4 000 soldats américains à Bagdad. Amnesty International a condamné à maintes reprises les homicides délibérés de civils par les groupes armés opposés au gouvernement irakien et à la présence de forces étrangères. De tels homicides et les autres atteintes aux droits humains perpétrées par les groupes armés représentent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.


Discrimination

De nombreux civils semblent avoir été pris pour cibles sur des critères religieux, en raison de leur appartenance à la communauté chiite ou sunnite par exemple ou parce qu’ils étaient chrétiens ou mandéens. Cependant, d’autres personnes semblent avoir été tuées en raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur origine nationale ; tel a été le cas de femmes, de réfugiés palestiniens résidant depuis longtemps en Irak, d’hommes homosexuels ou présumés comme tels.

Selon plusieurs informations diffusées dans les médias, des individus soupçonnés d’être homosexuels ont été pris pour cibles, agressés et dans certains cas tués en raison de ce que leurs agresseurs considéraient comme un « comportement immoral ». Parmi les auteurs de ces violences figurent des miliciens et des membres des forces de sécurité irakiennes, appartenant par exemple à la Brigade des Loups, unité spéciale de la police qui dépend du ministère de l’Intérieur et a été accusée d’autres violences, en particulier d’avoir arrêté et torturé des résidents palestinien de Bagdad.

Amnesty International demande au gouvernement irakien de prendre des mesures concrètes pour que des enquêtes exhaustives, impartiales et indépendantes soient menées sans délai sur ces homicides, et de faire en sorte que les auteurs présumés de ces agissements soient identifiés et déférés à la justice. L’organisation appelle également l’ensemble des dirigeants politiques, religieux et communautaires en Irak à condamner tous les homicides de civils, quels que soient leur sexe, la couleur de leur peau, leur origine ethnique, leur religion, leurs opinions politiques, leur orientation sexuelle ou leur genre, et à demander à leurs sympathisants de s’abstenir de commettre de tels homicides et de respecter sans discrimination les droits de tous les Irakiens.

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