Communiqué de presse

Irak. Les autorités ne doivent pas empêcher des manifestations pacifiques d’avoir lieu

À la veille des grandes manifestations prévues à Bagdad et dans le reste de l’Irak, Amnesty International demande aux autorités du pays de respecter et de protéger le droit des manifestants de s’exprimer et de se réunir pacifiquement.

Les autorités irakiennes semblent déterminées à empêcher des grandes manifestations d’avoir lieu dans le centre de Bagdad depuis l’éclatement, en 2011, d’un mouvement de protestation antigouvernemental au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

« Les Irakiens ont le droit d’exprimer leurs points de vue librement et de protester pacifiquement sans être menacés de violences, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Plutôt que d’empêcher des rassemblements pacifiques, le gouvernement devrait prendre des mesures pour faire en sorte que les Irakiens puissent exercer leur droit de manifester en toute sécurité. »

Des manifestations sont prévues dans tout le pays samedi 31 août pour protester contre un règlement qui attribue aux parlementaires irakiens une pension très élevée, y compris lorsqu’ils sont membres du Parlement depuis quelques années à peine. Du fait des difficultés économiques auxquelles sont confrontées de nombreux Irakiens, le programme généreux de rémunération des députés a donné lieu à de très nombreuses critiques.

Les 18 et 20 août, les organisateurs des manifestations ont déposé une demande d’autorisation auprès du Bureau du gouverneur de Bagdad et du ministère de l’Intérieur. Leur demande a été rejetée. Depuis lors, les autorités irakiennes, le bureau du procureur général et le ministère de l’Intérieur notamment, ont demandé que la manifestation à Bagdad soit annulée pour des raisons de sécurité. Les manifestants prévoient cependant que la manifestation aura bien lieu.

Des centaines de personnes continuent d’être tuées chaque mois en Irak lors d’attaques violentes de groupes armés. Le 28 août, de très nombreux civils ont été tués lors de plusieurs attentats à l’explosif visant les quartiers chiites de Bagdad.

« Les auteurs de ces attentats se rendent coupables d’atteintes manifestes aux droits humains, et Amnesty International condamne sans réserve de telles attaques », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui.

« Cependant, les violences qui secouent actuellement le pays ne doivent pas servir de prétexte pour interdire systématiquement les manifestations pacifiques contre le gouvernement dans le centre de Bagdad ou dans tout lieu public du pays. Les autorités irakiennes doivent respecter le droit à la liberté d’expression et de réunion qui est garanti par le droit international relatif aux droits humains et la Constitution irakienne. Cette obligation prévoit que la sécurité des manifestants doit être assurée à chaque fois que cela est nécessaire."

Complément d’information

À la fin de l’année dernière, des dizaines de milliers d’opposants irakiens sont descendus dans les rues, principalement dans les provinces à majorité sunnites, pour protester contre les violations permanentes des droits des détenus. Cependant, les autorités avaient interdit les manifestations dans le centre de Bagdad.

Le 2 août 2013, plus d’une centaine de personnes ont essayé de manifester contre la corruption et la violence sur la place Tahrir à Bagdad. Treize d’entre elles ont été arrêtées par les forces de sécurité. Plusieurs manifestants qui avaient été arrêtés ont déclaré par la suite qu’ils avaient été frappés pendant leur détention. Amnesty International a vu des photographies d’ecchymoses tendant à prouver la véracité de ces affirmations.

Dans plusieurs provinces en-dehors de Bagdad, dont Babel et Diyala, les autorités auraient donné leur feu vert pour les manifestations de ce week-end. Le 29 août, le barreau irakien a manifesté contre le programme de rémunération des députés dans plusieurs de ses antennes, y compris devant son siège, à Bagdad.

Pour plus d’informations sur les manifestations en Irak en 2011 et sur les obligations de l’Irak aux termes du droit international et de la Constitution du pays en matière de liberté d’expression et de réunion, reportez vous au document d’Amnesty International suivant : Days of Rage : Protests and Repression in Iraq, avril 2011, index AI : MDE 14/013/2011.

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