Communiqué de presse

Irak. Une enquête impartiale sur les décès dans le camp d’Ashraf est indispensable

Amnesty International engage les autorités irakiennes à mener une enquête approfondie et impartiale sur les violences dans le camp d’Ashraf qui auraient fait au moins 47 morts le 1er septembre.

« Il est déjà arrivé que les autorités irakiennes n’enquêtent pas efficacement sur des attaques dans des camps accueillant des exilés iraniens. Par conséquent, personne n’a été amené à rendre des comptes pour ces faits et les résidents vivent dans une peur permanente pour leur sécurité, a souligné Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Les autorités doivent veiller à ce qu’une enquête sur les violences d’hier soit menée dans les meilleurs délais et qu’elle soit indépendante, transparente et pleinement conforme aux normes internationales. »

Les circonstances de ces événements sont incertaines. Selon les résidents, les forces de sécurité irakiennes ont attaqué le camp et tué plusieurs d’entre eux. Certaines victimes auraient été arrêtées et menottées avant d’être abattues. Toutefois, les autorités irakiennes ont fourni d’autres versions de ce qui s’est passé, en faisant notamment état d’affrontements entre résidents.

Une centaine d’exilés iraniens sont restés dans le camp d’Ashraf après que la plupart de ses résidents ont été réinstallés au camp Liberté, dans le nord-est de Bagdad, au cours des dernières années.

Plus tôt dans l’année, des attaques meurtrières ont visé le camp Liberté. Le 15 juin 2013, ce lieu qui accueille désormais plus de 3 000 exilés iranien a subi des tirs de roquettes. Deux résidents ont été tués et des dizaines d’autres blessés. Une autre attaque à la roquette contre le camp Liberté le 9 février 2013 avait déjà fait huit morts et un grand nombre de blessés. À la connaissance d’Amnesty International, aucune enquête efficace n’a été menée sur ces deux attaques.

Un dirigeant de l’Armée Mukhtar, une milice chiite, a indiqué aux médias à plusieurs reprises que son organisation était responsable des attaques du camp Liberté. Malgré ces revendications, aucune mesure efficace pour empêcher d’éventuelles attaques de l’armée Mukhtar visant les exilés iraniens ne semble avoir été prise par les autorités irakiennes.

« Le manque de détermination des autorités irakiennes à enquêter et à traduire en justice les responsables présumés des précédentes attaques est inacceptable et met des vies en danger, a ajouté Hassiba Hadj Sahraoui. Le gouvernement est responsable de la sûreté et de la sécurité de tous les résidents du camp Liberté et du camp d’Ashraf et doit prendre des mesures immédiates pour assurer leur protection. »

Complément d’information

Le camp d’Ashraf abritait quelque 3 400 exilés iraniens, principalement des membres et sympathisants de l’Organisation des moudjahidin du peuple d’Iran (OMPI), qui ont été autorisés à entrer en Irak par le gouvernement de Saddam Hussein dans les années 1980.

Après l’invasion de l’Irak dirigée par les États-Unis en mars 2003, le camp d’Ashraf et ses habitants ont été placés sous protection américaine ; cette situation a néanmoins pris fin à la mi-2009 à la suite d’un accord conclu entre les autorités américaines et le gouvernement irakien. À peine un mois plus tard, les 28 et 29 juillet 2009, les forces de sécurité irakiennes ont pris le camp d’assaut ; au moins neuf résidents ont été tués et de nombreux autres blessés. Trente-six habitants placés en détention auraient été torturés et battus.

En avril 2011, les troupes irakiennes ont fait une incursion dans le camp d’Ashraf (qui fait partie de la province de Diyala). Elles ont eu recours à une force excessive, notamment en tirant à balles réelles sur les habitants qui tentaient de leur résister. Au moins 36 personnes ont été tuées et plus de 300 autres blessées. Le gouvernement n’a pas ouvert d’enquête rapide, approfondie, indépendante et impartiale sur ces actes, contrairement aux normes internationales, et notamment aux Principes des Nations unies relatifs à la prévention efficace des exécutions extrajudiciaires, arbitraires et sommaires et aux moyens d’enquêter efficacement sur ces exécutions.

En 2011, le gouvernement irakien a annoncé la fermeture du camp d’Ashraf après le déménagement de ses résidents vers un nouvel emplacement, le camp Liberté, dans le nord-est de Bagdad. Une fois la majorité des habitants réinstallés, une centaine de personnes ont été autorisées à rester au camp d’Ashraf afin de résoudre les questions de propriété en suspens.

En vertu d’un protocole d’accord signé en décembre 2011 entre les Nations unies et le gouvernement irakien, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) peut traiter des demandes de protection internationale émanant de résidents des camps. Ces derniers deviennent alors des demandeurs d’asile au regard du droit international.

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