IRAK Halte aux massacres et aux meurtres d’enfants

Index AI : MDE 14/050/2004

Vendredi 1er octobre 2004

DÉCLARATION PUBLIQUE

Amnesty International condamne avec la plus grande vigueur l’attentat aveugle mené jeudi à Bagdad par des groupes armés, qui a coûté la vie à au moins 41 civils, dont 34 enfants. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier en termes de victimes mineures depuis le début de la guerre que mènent les États-Unis en Irak.

Plusieurs bombes ont explosé hier dans la capitale irakienne, lors de l’inauguration d’une usine de traitement de l’eau, à laquelle étaient venus assister de nombreux habitants, et alors que des soldats étasuniens étaient en train de distribuer des bonbons aux enfants. On ignore si cet attentat, qui a fait 41 morts et 131 blessés, visait en premier lieu le convoi américain ou la foule.

Cet acte a été revendiqué dans un communiqué diffusé sur Internet par le groupe Tawhid wal-Jihad (Unification et guerre sainte) d’Abou Moussab Al-Zarkaoui, qui l’a qualifié d’« opération héroïque ». Ce groupe est responsable de toute une série d’attentats, ainsi que de plusieurs enlèvements, dont celui de deux Américains venus travailler en Irak, Jack Hensley et Eugene Armstrong, qui ont été décapités par leurs ravisseurs, et d’un ingénieur britannique, Kenneth Bigley, toujours en captivité.

Amnesty International demande aux groupes armés d’arrêter de tuer des civils et de se livrer à des attentats aveugles, visant des secteurs densément peuplés, et de respecter, dans leurs actions, les normes minima du droit international humanitaire, ainsi que les principes de justice et d’humanité. Les attentats aveugles ont des effets dévastateurs et traduisent un mépris total du plus fondamental des droits humains : le droit à la vie.

Amnesty International exprime sa profonde inquiétude face au nombre de plus en plus élevé de victimes civiles en Irak. Des cas de civils pris entre deux feux, lors d’affrontements entre les troupes étasuniennes et des insurgés, sont signalés de plus en plus souvent.

Vendredi 1er octobre, les forces américaines et irakiennes auraient lancé une offensive majeure contre des insurgés dans la ville de Samarra. Appuyées par des véhicules blindés et par l’aviation, elles auraient investi la ville pendant la nuit. Des affrontements se seraient produits entre les militaires et des insurgés armés, notamment près d’une mosquée fréquentée par des fidèles venant de toute la région. Selon un médecin d’un hôpital, 23 civils auraient été tués et 45 autres blessés. L’armée américaine a annoncé que 80 insurgés avaient été tués.

Ces dernières semaines, l’armée étasunienne a effectué des bombardements de nuit presque quotidiens sur Falluja. Des opérations ont également eu lieu à Ramadi et dans le quartier de Sadr City, à Bagdad. Bien qu’il soit difficile de faire un bilan précis des victimes civiles, les témoignages de personnes présentes lors des attaques et de membres du personnel hospitalier vont à l’encontre des affirmations des autorités militaires américaines, qui parlent de « frappes de précision ». Selon ces témoignages, des dizaines de civils, dont des femmes et des enfants, auraient été tués.

Selon certaines informations, l’attaque menée contre Samarra par la force multinationale pourrait être le début d’une offensive plus large. Amnesty International craint que la population civile ne continue de faire les frais de ces opérations, tant que les précautions nécessaires n’auront pas été prises pour la protéger.

Amnesty International appelle la force multinationale à prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger les civils et lui demande de respecter les principes de nécessité et de proportionnalité. Elle lui demande en outre de veiller à s’acquitter pleinement des obligations qui sont les siennes au regard du droit international.

L’insécurité et la violence permanente qui règnent en Irak affectent la vie quotidienne des Irakiens et leur droit à jouir des droits fondamentaux de la personne humaine. Amnesty International prie instamment toutes les parties au conflit de respecter intégralement les obligations qui sont les leurs au regard du droit international et de mettre un terme à l’escalade de la violence et de l’impunité.

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