Irak. Le camp de réfugiés "Liberté" touché par 80 roquettes

L’attaque de tirs de roquettes contre un camp d’exilés iraniens en Irak est un crime odieux, a déclaré Amnesty International qui demande une enquête immédiate, ainsi qu’une assistance et la protection des habitants du camp.

Le camp Liberté, dans le nord-est de Bagdad, a été frappé par une avalanche de roquettes dans la nuit du 29 octobre, qui a fait au moins 23 morts, dont une femme, et des dizaines de blessés. Une milice chiite irakienne, l’Armée d’Al Mukhtar, a revendiqué l’attaque et averti qu’il pourrait y en avoir d’autres.

Le camp accueille quelque 2 250 exilés iraniens non armés, notamment des membres et des sympathisants de l’Organisation iranienne des moudjahidin du peuple (OIMP) – un groupe d’opposition interdit en Iran.

« Les autorités irakiennes ne peuvent fermer les yeux sur cet acte très violent contre les habitants du camp Liberté. Elles doivent mener dans les meilleurs délais une enquête indépendante et efficace sur cette attaque et garantir que les responsables soient amenés à rendre des comptes, a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Elles n’ont pas enquêté sur de précédentes attaques meurtrières contre le camp, laissant à penser que ses habitants peuvent être assassinés en toute impunité. »

Des témoins ont déclaré à Amnesty International que l’attaque a débuté vers 19h40 (heure locale), alors que les habitants se rassemblaient pour dîner. Vingt personnes ont été tuées sur le coup, trois autres ont succombé à leurs blessures dans un hôpital de Bagdad.

Selon des habitants, environ 80 roquettes se sont abattues sur le camp, qu’ils ont identifiées comme des roquettes Falaq et Katioucha, produites en Iran. Toutefois, selon les médias irakiens, entre 12 et 38 roquettes ont été tirées.

L’attaque a causé de vastes destructions lorsqu’elle a frappé les générateurs électriques du camp, et des centaines d’habitants se retrouvent sans abri après la destruction de plus de 200 caravanes. Si le gouvernement irakien doit encore faire une déclaration sur les événements, d’autres gouvernements et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) – qui considère que les habitants du camp Liberté relèvent de sa compétence – ont condamné l’attaque.

« Le silence des autorités irakiennes sur l’assassinat de 23 personnes est inexcusable. Elles manquent à leur obligation au titre du droit international de protéger tous les habitants du camp, dont beaucoup sont des demandeurs d’asile. Outre la mort de ces personnes, les destructions causées par l’attaque laissent de nombreux habitants dans des conditions désespérées, a déclaré Said Boumedouha.

« Le gouvernement doit de toute urgence veiller à ce que l’électricité et l’eau soient rétablies, et fournir à ceux dont les maisons ont été détruites des abris provisoires décents. »

COMPLÉMENT D’INFORMATION
Tous les exilés qui vivent dans le camp Liberté vivaient dans le camp d’Ashraf depuis le milieu des années 80. Après l’invasion de l’Irak conduite par les États-Unis en 2003, le camp d’Ashraf et ses habitants ont été placés sous protection américaine ; cette situation a néanmoins pris fin à la mi-2009 à la suite d’un accord conclu entre les autorités américaines et le gouvernement irakien.

À peine un mois plus tard, les 28 et 29 juillet 2009, les forces de sécurité irakiennes ont pris le camp d’assaut ; au moins neuf résidents ont été tués et de nombreux autres blessés. Trente-six habitants placés en détention auraient été torturés et battus.

En 2011, le gouvernement irakien a annoncé la fermeture du camp d’Ashraf après avoir réinstallé ses résidents dans le camp Liberté, dans le nord-est de Bagdad.

Aux termes d’un protocole d’accord conclu en décembre 2011 entre les Nations unies et le gouvernement irakien, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) peut traiter les demandes de protection internationale formulées par des habitants des camps. Ces derniers sont alors considérés comme des demandeurs d’asile au regard du droit international.

Après les précédentes attaques contre les camps d’Ashraf et Liberté, le gouvernement n’a pas ouvert d’enquête et personne n’a jamais eu à rendre des comptes. En fait, les hauts responsables du gouvernement irakien ont par le passé indiqué clairement que les résidents du camp n’étaient pas les bienvenus en Irak.

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