IRAK : Les civils menacés en cas d’utilisation de mines terrestres et de bombes à fragmentation

Index AI : MDE 14/050/2003

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Aucun des protagonistes du conflit en Irak ne doit recourir à des armes
frappant sans discrimination, a déclaré aujourd’hui (jeudi 27 mars 2003)
Amnesty International, alors que des affirmations faisant état de
l’utilisation de bombes à fragmentation et de mines antipersonnel continuaient
d’arriver.
L’organisation a réitéré son appel aux autorités des États-Unis, du
Royaume-Uni et d’Irak pour qu’elles cessent immédiatement d’utiliser « des
armes non discriminantes par nature ou interdites par le droit international
humanitaire ».
Les responsables américains et britanniques ont refusé d’exclure
l’utilisation de bombes à fragmentation. L’inquiétude d’Amnesty
International est renforcée par des allégations selon lesquelles de telles
bombes auraient été larguées sur Bassora et pourraient avoir fait des morts
et des blessés parmi les civils.
Les bombes à fragmentation libèrent de nombreuses petites bombes qui se
dispersent sur un vaste périmètre. Or, au moins 5 p. cent de ces bombes
n’explosent pas au moment de l’impact, devenant de fait des mines
antipersonnel puisqu’elles restent dangereuses pour toutes les personnes qui
les trouvent sur leur chemin, y compris les civils.
« Un moratoire sur l’utilisation des bombes à fragmentation doit être mis en place
immédiatement car ces armes entraînent un risque élevé de violation de
l’interdiction de mener des attaques militaires non discriminantes », a
souligné Amnesty International.
« Les bombes non éclatées constituent un danger permanent pour toutes les
personnes qui se déplacent, y compris les civils, qui risquent de perdre la
vie ou un membre en marchant dessus. »
Par ailleurs, les forces irakiennes seraient en train de disposer des mines
antipersonnel et des objets piégés dans le sud de l’Irak. Selon d’autres
informations, elles en installeraient aussi dans le nord, autour de Kirkouk,
et ailleurs dans le pays.
Le Pentagone américain a déclaré qu’il « se réservait le droit d’utiliser
des mines terrestres ». Selon les chiffres fournis par la Campagne
internationale pour l’interdiction des mines terrestres, les États-Unis ont
déjà déployé quelque 90 000 mines terrestres dans la région pour un usage
éventuel en Irak. Par ailleurs, le Premier ministre britannique Tony Blair a
jusqu’à présent refusé d’exclure l’utilisation de bombes en grappe par les
forces du Royaume-Uni. En outre, les États-Unis stockent des milliers de
mines antipersonnel (interdites par le droit britannique) au large du
territoire britannique de Diego Garcia, en prévision d’une utilisation en
Irak. Si une seule de ces mines entrait sur le territoire de Diego Garcia,
cela constituerait une violation de la Loi britannique relative aux mines
terrestres.
« Les États-Unis et l’Irak doivent cesser immédiatement tout déploiement de
mines terrestres antipersonnel », a déclaré Amnesty International.
« L’utilisation de mines terrestres et de bombes à fragmentation pourrait
accroître massivement le nombre de victimes civiles ; c’est pourquoi tout
recours à ces armes doit être exclu », a conclu l’organisation.
La Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production
et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction (traité
d’Ottawa), qui est entrée en vigueur le 1er mars 1999, interdit
l’élaboration, la production, l’acquisition, le stockage, la détention et le
transfert d’armes antipersonnel. Ni les États-Unis, ni l’Irak ne sont
parties à cette convention. Par contre, le Royaume-Uni et l’Australie l’ont
ratifiée.
Le traité d’Ottawa a été ratifié par 131 États et signé par 146.
En décembre 2002, un groupe de travail relatif à la Convention des Nations
unies sur les armes conventionnelles a été créé pour définir des mesures
destinées à réduire le nombre de victimes causées par des engins n’ayant pas
explosé

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