Communiqué de presse

Irak. Les dizaines d’homicides qui ont eu lieu lors d’un mouvement de protestation à al Hawija doivent inciter les autorités à mieux contrôler les forces de sécurité

Amnesty International a appelé le gouvernement irakien à réfréner l’armée et les forces de sécurité après le massacre de dizaines de personnes à al Hawija dans la province de Kirkouk le 23 avril, alors qu’il est à prévoir que les manifestations anti-gouvernementales se poursuivent en Irak.

Amnesty International exhorte les autorités irakiennes à respecter la liberté de réunion pacifique et d’expression et à donner des instructions claires aux forces de sécurité afin qu’elles ne recourent pas à une force inutile ou excessive contre les manifestants.

Dans la matinée du 23 avril 2013, les forces de sécurité irakiennes ont attaqué un sit-in de centaines de manifestants sur une place centrale de la ville d’al Hawija. Ces affrontements et tirs ont causé la mort de nombreux manifestants et blessé un grand nombre d’autres. Des dizaines de personnes auraient été tuées par les forces de sécurité irakiennes et, selon des sources officielles, trois soldats ont été tués. Les forces irakiennes ont démantelé le camp des manifestants et auraient arrêté des dizaines de protestataires. Suite aux événements d’al Hawija, des attaques de « vengeance » contre les forces de sécurité ont été signalées, causant d’autres morts.

Les autorités irakiennes ont annoncé une enquête officielle sur les événements d’al Hawija. Cependant, Amnesty International craint que, comme par le passé, cette enquête ne soit pas conforme aux normes internationales. L’organisation appelle les autorités à s’assurer que l’enquête sur ces homicides soit efficace, indépendante, impartiale et approfondie, et que la méthodologie de l’enquête et ses résultats soient rendus publics. Toute personne reconnue responsable de violations – y compris toute personne ayant usé d’une force arbitraire ou excessive contre les manifestants – doit être traduite en justice.

Amnesty International exhorte les autorités irakiennes à respecter les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique et à veiller à ce que toutes les personnes détenues dans le cadre des manifestations anti-gouvernementales puissent accéder rapidement et régulièrement à un avocat de leur choix. Ces personnes doivent aussi pouvoir bénéficier des visites de leurs familles. En Irak, les prisonniers sont fréquemment détenus au secret au cours de leur période initiale de détention. Ces conditions facilitent la torture et d’autres mauvais traitements.

Les manifestations d’al Hawija s’inscrivent dans le cadre de protestations anti-gouvernementales qui ont lieu depuis décembre 2012 dans des zones majoritairement sunnites. Les manifestants accusent le Premier ministre de diriger un gouvernement qui exerce des discriminations contre les sunnites. Ils ont également exigé plus de respect de la légalité, ainsi que la promulgation d’une loi d’amnistie et la révision de la loi antiterrorisme dans le pays.

Beaucoup de manifestations ont été pacifiques, mais d’autres ont entraîné des affrontements entre forces de sécurité et manifestants, provoquant des morts. Le 25 janvier 2013 à Falloujah, par exemple, les troupes auraient tué plusieurs manifestants quand ces derniers ont commencé à jeter des pierres. Les autorités ont annoncé une enquête mais, jusqu’à présent, aucune conclusion n’a été rendue publique.

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