IRAK : Sergio Vieira de Mello n’est plus, mais son œuvre doit être poursuivie

Point de vue d’Irene Khan, secrétaire générale d’Amnesty International : Sergio Vieira de Mello n’est plus, mais son œuvre doit être poursuivie

Mercredi 20 août 2003

La mort tragique de Sergio Vieira de Mello, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Irak, montre une fois de plus que ceux et celles qui entendent servir l’humanité et défendre les droits humains sont des cibles faciles, dans un monde où la sécurité des États a pris le pas sur la sécurité des personnes.
En tant que représentant spécial des Nations unies en Irak, Sergio Vieira de Mello était le symbole de l’engagement de la communauté internationale dans ce pays. En tant que haut-commissaire des droits de l’homme aux Nations unies, il constituait la plus haute autorité mondiale dans le domaine des droits humains. Pour tous ceux et toutes celles pour qui l’Irak et les droits humains comptent, la douleur est immense.
Je pleure aujourd’hui la disparition d’un ami et d’un grand dirigeant international. Sergio était un homme très dynamique, un homme qui avait le goût du risque, un homme qui avait beaucoup de charme. C’était un homme d’action et de convictions, qui incarnait tout ce qu’il y a de positif et de passionné dans la vie. Mais sa mort ne se résume pourtant pas à la disparition d’un homme de bien.
Les Irakiens et les Irakiennes qui croient en la justice et en la paix sont aujourd’hui visés. Comme l’est la communauté internationale et comme le sont les droits humains.
Avec le meurtre de Sergio, ce sont les droits fondamentaux du peuple irakien qui sont maintenant en jeu. L’attentat remet en effet en cause la capacité de la communauté internationale à soutenir les Irakiens dans leur lutte pour le respect des droits humains.
Sergio était convaincu que l’Irak devait nécessairement se reconstruire avec la participation de tous les Irakiens. Il s’était fait le champion du respect des droits fondamentaux des Irakiens auprès de ceux qui ne voulaient pas en entendre parler.
Si l’on veut que la mort de Sergio ait un peu de sens, l’Irak doit devenir un grand chantier des droits humains et ne doit surtout pas devenir une vaste friche abandonnée.
La vérité et la justice pour tous les Irakiens : tel était le but de Sergio. Ces principes qui lui tenaient tant à cœur ne doivent pas être sacrifiés. Les auteurs de cet attentat doivent être appréhendés et traduits en justice, mais sa mort ne doit pas servir de prétexte à une chasse aux sorcières ni à un déferlement des violations des droits humains. Nous ne devons pas assister à une vague d’arrestations arbitraires ou d’actes de brutalité.
Certains verront dans cette tragédie la preuve que Sergio se trompait sur l’Irak, qu’il avait tort de prôner le respect des droits humains et la participation du peuple irakien.
Pour leur part, Amnesty International et tous les défenseurs des droits humains en général savent bien que seule une politique de sécurité fondée sur le respect des droits fondamentaux de la personne peut mettre fin à cette violence insensée. Sergio en avait la conviction. C’est pour défendre cette conviction que lui et ses collègues ont tant donné d’eux-mêmes, jusqu’à la vie.
Le meurtre du haut-commissaire des droits de l’homme des Nations unies constitue une agression révoltante contre tous les défenseurs des droits humains de la planète. Nous ne laisserons pas passer un tel acte. La peine que nous ressentons ne fait que renforcer notre détermination à agir. Ils ont tué l’homme, mais ils ne pourront jamais empêcher son œuvre de se poursuivre.

Index AI : MDE 14/164/2003

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