Communiqué de presse

Iran : 10 hommes ont été exécutés malgré les appels lancés au niveau international

Un commerçant reconnu coupable d’une infraction à la législation sur les stupéfiants comptait parmi les 10 hommes exécutés en Iran lundi 22 octobre à l’aube, malgré les appels adressés aux autorités notamment par Amnesty International et des experts des droits humains de l’ONU pour qu’ils aient la vie sauve.

Saeed Sedeghi a pu rencontrer « une dernière fois » sa mère à la prison d’Evin dimanche 21 octobre, des représentants de la justice lui ayant annoncé que son fils serait exécuté le lendemain à l’aube.

« L’exécution de Saeed Sedeghi et des neuf autres hommes s’inscrit dans la frénésie d’homicides judiciaires observée en Iran ; plus de 360 personnes ont été mises à mort depuis le début de l’année 2012, la majorité pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants. Ces exécutions infligent une souffrance inutile à des familles iraniennes, en plus d’être erronées, inefficaces, et de constituer un affront aux droits les plus élémentaires », a déclaré Ann Harrison, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

La famille de Saeed Sedeghi a informé Amnesty International que sa dépouille leur avait été rapidement restituée après l’exécution.

Le 13 octobre, Saeed Sedeghi s’est semble-t-il vu accorder un sursis. Toutefois, sa famille ignorait où il se trouvait, jusqu’au 21 octobre. Sa mère a alors été avisée de son exécution imminente et convoquée à la prison d’Evin pour une ultime entrevue.

D’après ses proches, Saeed Sedeghi avait perdu beaucoup de poids et il n’a pas été autorisé à appeler d’autres parents pour leur dire adieu avant son exécution.

Ses proches ont raconté à Amnesty International qu’il leur avait confié qu’après le report de son exécution, il avait été torturé en prison, et notamment soumis à un simulacre d’exécution. Il a ajouté que lors de sa détention à la prison d’Evin, on lui avait enjoint d’« avouer » sa culpabilité devant une caméra, ce qu’il avait refusé.

« Les informations selon lesquelles il a été soumis à un simulacre d’exécution avant de mourir sont plus que choquantes et doivent faire l’objet d’investigations impartiales. Les responsables présumés doivent comparaître en justice », a estimé Ann Harrison.

Après l’exécution de Saeed Sedeghi, les autorités ont mis en garde sa famille contre le fait de parler aux médias et lui ont interdit d’organiser une cérémonie funéraire publique après son inhumation.

Le 11 octobre, le frère de Saeed Sedeghi, Majid, a été arrêté pour avoir accordé des interviews au sujet de son frère à BBC Persian, le service d’information en langue persane de la BBC, et à Voice of America. Il a été placé en détention à la prison d’Evin avant d’être libéré sous caution quatre jours plus tard.

Si les forces de sécurité iraniennes ont pour devoir d’engager des poursuites judiciaires dans les cas d’infractions liées à la production et à la distribution de substances illégales, ce type d’infractions ne correspond toutefois pas aux « crimes les plus graves » auxquels le recours à la peine capitale doit être limité, selon le droit international.

L’Iran, qui se classe deuxième derrière la Chine s’agissant du nombre d’exécutions menées chaque année, aurait procédé à pas moins de 368 exécutions depuis début 2012, dont 136 qu’il a officiellement reconnues.

Rien ne prouve clairement que ce châtiment ait un effet notable sur la diminution des infractions liées aux stupéfiants. Selon les normes internationales relatives aux droits humains, la peine de mort ne doit jamais être une peine automatique.

« Nous continuons d’exhorter les autorités iraniennes à commuer les sentences capitales de tous les condamnés à mort et à supprimer ce châtiment des peines encourues par les accusés reconnus coupables d’infractions liées aux stupéfiants  », a conclu Ann Harrison.

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