Communiqué de presse

Iran. À l’occasion de la Journée nationale des étudiants, les autorités doivent libérer des prisonniers d’opinion

Des dizaines de militants étudiants incarcérés en Iran, parfois depuis 2009, doivent être libérés immédiatement et sans condition, a déclaré Amnesty International jeudi 6 décembre, alors que des milliers d’étudiants s’apprêtent à célébrer la Journée nationale des étudiants dans toutes les universités du pays.

Cet événement annuel commémore la mort de trois étudiants, tués par les forces de sécurité à Téhéran lors d’une manifestation le 7 décembre 1953.

Depuis l’élection présidentielle controversée en juin 2009, les autorités iraniennes répriment – parfois violemment – ces manifestations pacifiques annuelles organisées sur les différents campus du pays.

Cette vague de répression s’est intensifiée ces derniers mois : des dizaines d’étudiants ont été arrêtés, convoqués pour purger des peines d’emprisonnement pour des infractions mal définies ou se sont vus interdire de poursuivre leurs études, en violation des obligations internationales de l’Iran en termes de droits humains.

Shirin Ebadi, avocate spécialisée dans la défense des droits fondamentaux et lauréate du prix Nobel de la paix, ainsi que les organisations non gouvernementales (ONG) Conseil de défense du droit à l’éducation et Justice pour l’Iran, se sont jointes à Amnesty International pour demander la libération immédiate et sans condition des étudiants emprisonnés en Iran et considérés comme des prisonniers d’opinion.

« Au lieu d’incarcérer des militants étudiants qui, à l’occasion de la commémoration des meurtres d’étudiants perpétrés en 1953, manifestent pacifiquement contre les violations des droits humains commises aujourd’hui, les autorités iraniennes doivent prendre en compte leurs préoccupations et mettre fin à la culture de l’impunité pour les violations perpétrées en Iran aujourd’hui », a estimé Ann Harrison, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

Des étudiants incarcérés en tant que prisonniers d’opinion

Parmi les nombreux militants étudiants détenus dans les geôles iraniennes, Amnesty International mène activement campagne pour la libération de trois prisonniers d’opinion en particulier.

« Tous trois sont incarcérés uniquement en raison de leur militantisme non violent. À l’occasion de la Journée nationale des étudiants, nous disons " la coupe est pleine ". L’Iran doit libérer tous les étudiants incarcérés pour leurs opinions, sans délai ni condition », a martelé Ann Harrison.

Leader étudiant et lauréat du Prix norvégien étudiant de la paix 2013, Majid Tavakkoli a été arrêté lors de la Journée nationale des étudiants en 2009, après avoir pris la parole lors d’un rassemblement pacifique à l’université de technologie Amir Kabir à Téhéran, où il était inscrit.

Il purge une peine de neuf ans à la prison de Rajai Shahr, après avoir été déclaré coupable de « participation à un rassemblement illégal », « diffusion de propagande contre le régime » et « insultes envers des représentants des autorités ». Il aurait été frappé lors de son arrestation, condamné à l’issue d’un procès inique en janvier 2010 et maintenu à l’isolement jusqu’à la fin du mois de mai 2010.

Outre sa condamnation à la prison, Majid Tavakkoli est sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire et s’est vu interdire de s’inscrire dans les universités iraniennes à vie, et de prendre part à des activités politiques pendant cinq ans.

Bahareh Hedayat, étudiante et défenseure des droits des femmes, purge actuellement une peine de 10 ans d’emprisonnement, après avoir été interpellée le 31 décembre 2009. Elle a été reconnue coupable d’« insulte envers le président », d’« insulte envers le Guide suprême », de « rassemblement et collusion en vue de commettre des infractions compromettant la sécurité nationale » et de « propagande contre le régime ».

Avant d’être arrêtée, elle était membre active du comité central du Bureau pour le renforcement de l’unité, une association étudiante iranienne qui œuvre en première ligne afin que des réformes politiques soient engagées et qu’il soit mis fin aux violations des droits humains.

Le 30 octobre, Bahareh Hedayat et neuf autres prisonnières incarcérées à la prison d’Evin à Téhéran ont entamé une grève de la faim d’une semaine – n’ingurgitant aucune nourriture, mais buvant de l’eau – pour protester contre les traitements dégradants que leur ont infligés les autorités carcérales.

Elles auraient subi ce jour-là des fouilles au corps humiliantes et dégradantes effectuées par des gardiennes de la Section de sécurité de la prison, qui leur ont ensuite confisqué certains de leurs effets personnels.

Huit d’entre elles, dont Bahareh Hedayat, ont interrompu leur grève de la faim lorsqu’elles ont reçu la promesse de la part des autorités carcérales que leur plainte ferait l’objet d’une enquête. La neuvième y avait déjà mis fin quelques jours auparavant.

Le militant étudiant Sayed Ziaoddin (Zia) Nabavi purge une peine de 10 ans de prison après avoir été reconnu coupable d’« inimitié à l’égard de Dieu », inculpation des plus vagues. Il a été arrêté le 14 juin 2009, peu après avoir participé à une manifestation au lendemain de la proclamation des résultats du scrutin controversé.

Il a été condamné à purger sa peine en « exil intérieur », loin de sa famille, dans la prison de Karoun, à Ahvaz, ville du sud-ouest de l’Iran, où les conditions de détention sont déplorables.

Amnesty International estime que Zia Nabavi est incarcéré uniquement en raison de ses activités pacifiques au sein du Conseil de défense du droit à l’éducation, une organisation formée en 2009 par des étudiants à qui il a été interdit de poursuivre leurs études en raison de leurs activités politiques.
En 2007, les autorités lui ont interdit de poursuivre ses études après l’avoir marqué de trois « étoiles » en raison de ses activités politiques.

« L’Iran doit une bonne fois pour toutes mettre un terme à sa répression et cesser de prendre pour cibles les militants étudiants parce qu’ils exercent sans violence leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion », a expliqué Ann Harrison.

« Il est temps d’en finir avec les discriminations qui visent les étudiants en fonction de leur genre, de leurs croyances religieuses ou de leurs activités politiques. »

L’Iran est partie à la fois au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), qui prohibent expressément toute forme de discrimination fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l’opinion politique ou toute autre opinion, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation.

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