Iran. Amnesty International condamne les informations relatives aux derniers « aveux » télévisés de Sakineh Mohammadi Ashtiani

Communiqué de presse

10 décembre 2010

Amnesty International condamne vendredi 10 décembre les informations selon lesquelles la chaîne de télévision Press TV, contrôlée par l’État iranien, a prévu de diffuser ce soir de nouveaux « aveux » d’une femme iranienne qui risque d’être exécutée par lapidation ou pendaison.

« S’il s’avère exact que l’émission programmée le 10 décembre présente de nouveaux " aveux " télévisés de Sakineh Mohammadi Ashtiani, il importe de ne pas sous-estimer ses possibles conséquences sur cette affaire, a indiqué Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Si les autorités cherchent à utiliser ces " aveux " en vue de forger un nouveau dossier contre elle, pour un crime pour lequel elle a déjà été jugée et condamnée, nous dénoncerons cette manœuvre dans les termes les plus vifs. »

Sakineh Mohammadi Ashtiani a été condamnée à une peine de 10 ans d’emprisonnement en 2006 pour le meurtre de son époux. D’après son avocat, sa peine a par la suite été réduite à cinq ans pour « complicité » de meurtre.

Sakineh Mohammadi Ashtiani a également été condamnée à être exécutée par lapidation pour « adultère en étant mariée ». Elle est incarcérée à la prison de Tabriz, dans la province de l’Azerbaïdjan oriental, dans l’attente des conclusions de la révision judiciaire de cette condamnation.

Selon les médias, une équipe de production de Press TV est allée chercher Sakineh Mohammadi Ashtiani en prison, ainsi que son fils Sajjad Qaderzadeh, lui aussi incarcéré, et les a conduits dans son ancienne maison pour le tournage d’une « reconstitution de son crime sur la scène du meurtre », vraisemblablement destinée à un « documentaire ».

Or, les normes internationales d’équité des procès garantissent le droit de ne pas être forcé de témoigner contre soi-même ou de s’avouer coupable.

On croit savoir que l’avocat actuel de Sakineh Mohammadi Ashtiani, Javid Houtan Kiyan, arrêté et placé en détention avec Sajjad Qaderzadeh pour avoir fait campagne pour que la vie de sa cliente soit épargnée, a lui aussi été interviewé par Press TV dans le cadre de cette émission.

« Il semble que les autorités iraniennes se servent des médias iraniens afin de dépeindre Sakineh Mohammadi Ashtiani comme une dangereuse criminelle qui mérite d’être mise à mort. Elles ne doivent pas exécuter cette femme, de quelque manière que ce soit. Elles doivent la remettre en liberté si elle continue d’être détenue uniquement pour avoir eu des relations sexuelles consenties, a affirmé Philip Luther.

« Parallèlement, la communauté internationale, qui s’est à juste titre déclarée vivement préoccupée par cette affaire, doit accorder une attention renouvelée aux autres violations des droits humains, très graves, actuellement perpétrées en Iran. Alors que le pays célébrait la journée nationale des étudiants mardi 7 décembre, les militants étudiants Milad Assadi, Behareh Hedayat, Majid Tavakkoli, Majid Dorri et Zia Nabavi purgeaient tous de lourdes peines d’emprisonnement prononcées uniquement parce qu’ils avaient milité sans violence. Ces hommes et les centaines d’autres prisonniers d’opinion actuellement incarcérés en Iran doivent être libérés immédiatement et sans condition. »

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