Iran : Deux Kurdes risquent d’être exécutés malgré des condamnations entachées d’allégations de torture

Les autorités iraniennes doivent immédiatement annuler l’exécution de deux Iraniens de la minorité ethnique kurde, qui affirment avoir été torturés pour passer aux " aveux ".

Zaniar Moradi et Loghman Moradi, deux cousins, pourraient être exécutés dès le 8 septembre. Ils ont été détenus pendant neuf mois sans pouvoir consulter un avocat ni recevoir la visite de leur famille. Ils ont affirmé avoir " avoué " le meurtre sous la torture. Ils ont notamment reçu des coups de poing et de pied, ont été attachés à un lit et fouettés, et menacés de viol. Leur requête en vue du réexamen judiciaire de leur dossier a été ignorée à plusieurs reprises.

« C’est un exemple patent de la " justice " en Iran. Deux hommes risquent d’être exécutés après avoir été condamnés à mort sur la base d’" aveux " entachés d’allégations de torture. Malgré la gravité des accusations retenues contre eux, leur procès manifestement inique n’a duré que 20 minutes, a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« Nous invitons les autorités iraniennes à renoncer à l’exécution de ces hommes, à annuler leurs condamnations et leurs peines, et à ordonner la tenue d’un nouveau procès dans le respect des normes internationales d’équité. Elles doivent aussi enquêter sur les allégations de torture et conduire devant la justice toute personne soupçonnée d’en être responsable.  »

Ils ont affirmé avoir " avoué " le meurtre sous la torture. Ils ont notamment reçu des coups de poing et de pied, ont été attachés à un lit et fouettés, et menacés de viol.

Zaniar et Loghman Moradi ont passé les huit dernières années dans le couloir de la mort, après avoir été condamnés à être pendus en public, en décembre 2010. Le 5 septembre, ils ont été transférés de l’unité générale de la prison de Rajai Shahr, dans la ville de Karaj, au nord-ouest de Téhéran, dans des cellules de la même prison, à l’isolement. Les autorités carcérales ont appelé les familles des deux hommes le lendemain pour leur demander de venir à la prison rendre visite à leurs proches, faisant craindre qu’ils ne soient exécutés rapidement.

Zaniar et Loghman Moradi ont toujours nié les accusations portées à leur encontre et clamé leur innocence. Ils ont déclaré que le ministère du Renseignement les a pris pour cibles à titre de représailles en raison des activités du père de Zaniar Moradi, Eghbal Moradi, dissident politique bien connu assassiné en juillet 2018. Eghbal Moradi était membre du parti Komala du Kurdistan, un groupe d’opposition kurde interdit basé dans la région du Kurdistan irakien, et membre de l’Organisation des droits humains du Kurdistan.

Zaniar et Loghman Moradi ont été arrêtés par le ministère du Renseignement respectivement le 1er août et le 17 octobre 2009 dans la ville de Marivan, dans la province du Kurdistan, et accusés du meurtre du fils d’un imam qui a eu lieu à Marivan le 4 juillet 2009.

Les autorités carcérales ont appelé les familles des deux hommes le lendemain pour leur demander de venir à la prison rendre visite à leurs proches, faisant craindre qu’ils ne soient exécutés rapidement.

Le ministère du Renseignement les a maintenus en détention sans pouvoir recevoir de visite de leurs familles ni consulter leurs avocats pendant les neuf premiers mois de leur emprisonnement, au cours duquel ils ont, selon leurs témoignages, été contraints d’avouer ce meurtre devant une caméra vidéo après avoir été torturés. Ces « aveux » ont ensuite été diffusés sur un programme de la chaîne de télévision Press TV, contrôlée par l’État iranien, début novembre 2010, avant même l’ouverture de leur procès.

En décembre 2010, à l’issue d’un procès qui n’a duré que 20 minutes, ils ont été déclarés coupables par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran d’« inimitié à l’égard de Dieu » (mohareb) et de meurtre. Leur avocat a déclaré à Amnesty International que leurs "aveux" forcés sont le seul élément de preuve à leur encontre.

Par ailleurs, Amnesty International demande aux autorités iraniennes de révéler le sort réservé à un autre Kurde iranien, Ramin Hossein Panahi, lui aussi incarcéré dans le quartier des condamnés à mort de la prison de Rajai Shahr et risquant d’être exécuté sous peu.

Ramin Hossein Panahi, condamné à mort le 16 janvier 2018, s’est cousu les lèvres et a entamé une grève de la faim le 26 août pour protester contre sa condamnation à mort et les mauvais traitements qu’il a subis. Il a été immédiatement retiré de l’unité générale de la prison. Depuis, on est sans nouvelles de lui.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur et la méthode d’exécution utilisée par l’État. La peine de mort est une violation du droit à la vie.

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