Iran : non à l’exécution d’un programmeur de sites Internet

Il ne faut pas que l’Iran exécute un programmeur de sites Internet condamné à mort après que l’un de ses programmes eut été utilisé à son insu pour publier en ligne des images à caractère pornographique, a déclaré Amnesty International jeudi 19 janvier, alors que les autorités iraniennes poursuivent leur répression contre les blogueurs et les autres internautes.

La Cour suprême iranienne a confirmé, mardi 17 janvier, la peine de mort prononcée à l’encontre de Saeed Malekpour, 35 ans, pour « insulte et profanation de l’Islam ». Il pourrait désormais être exécuté à tout moment.

La décision de la Cour suprême intervient à un moment où le gouvernement iranien accentue la répression de la liberté d’expression en visant de plus en plus les internautes à l’approche des élections législatives iraniennes qui doivent avoir lieu en mars.

« En confirmant la condamnation à mort de Saeed Malekpour à l’issue d’un procès inique, les autorités iraniennes envoient un message aux Iraniens, montrant qu’ils ne doivent pas exprimer librement leur opinion, ni même aider les autres à le faire, y compris sur Internet », a déclaré Ann Harrison, directrice adjointe par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« La Cour suprême aurait dû enquêter sur les informations indiquant que Saeed Malekpour avait été torturé, au lieu de confirmer sa condamnation. S’il est détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression, il doit être libéré immédiatement et sans condition. »

Saeed Malekpour, qui vivait au Canada, a été arrêté en octobre 2008 alors qu’il rendait visite à sa famille en Iran. Selon certaines informations, il aurait été torturé lorsqu’il a été maintenu à l’isolement pendant plus d’un an à la prison d’Evin, à Téhéran.

Un tribunal révolutionnaire a condamné Saeed Malekpour à mort en octobre 2010. La Cour suprême a renvoyé l’affaire pour réexamen devant le tribunal révolutionnaire, qui a de nouveau prononcé la peine capitale en novembre 2011.

Les charges retenues contre lui seraient liées à la mauvaise utilisation faite d’un programme qu’il a créé et qui permet de mettre des photos en ligne.

Le blogueur Vahid Asghari, qui était étudiant en informatique et technologies de l’information en Inde avant son arrestation en 2008, et l’administrateur de site Internet Ahmad Reza Hashempour ont également été condamnés à mort à l’issue de procès iniques pour des chefs d’accusation liés à Internet et attendent leur exécution.

« Il est temps que l’Iran cesse d’exécuter des gens, en particulier à la suite de procès qui sont loin de respecter les normes internationales relatives aux droits humains. Les autorités ne doivent pas non plus limiter illégalement le droit à la liberté d’expression à l’aide d’accusations formulées de manière vague », a déclaré Ann Harrison.

En Iran, un nombre croissant de professionnels des médias sont pris pour cible en raison de leur travail sur Internet.

Selon certaines informations, la journaliste et blogueuse Marzieh Rasouli aurait été arrêtée par les forces de sécurité à son domicile, à Téhéran, mardi 17 janvier.

Deux jours auparavant, la défenseure des droits humains et blogueuse Parastoo Dokouhaki, également connue pour son travail en tant que journaliste, avait été interpellée chez elle à Téhéran par les forces de sécurité. Elle a depuis été inculpée de « propagande contre le régime » et serait détenue à la prison d’Evin.

Mercredi 18, le journaliste et photographe Sahamaddin Bourghani a été arrêté chez lui à Téhéran. On ignore les raisons de son arrestation.

Simin Nematollahi, qui écrit pour Majzooban e Noor, un site soufi d’information, a été arrêtée chez elle à Téhéran le 11 janvier pour « propagande contre le régime ».

Plusieurs membres du personnel de ce site ont été arrêtés en septembre 2011 et libérés sous caution en attendant leur procès.

Connu pour avoir introduit l’utilisation du blog en Iran, Hossein Derakhshan, qui a la double nationalité iranienne et canadienne, purge actuellement une peine de 19 ans et demi de réclusion pour des charges liées à Internet. Un autre blogueur, Hossein Ronaghi Maleki, purge une peine de 15 ans de prison pour ses écrits sur Internet. Il est en très mauvaise santé.

Le gouvernement a annoncé avoir déjà procédé à au moins 31 exécutions cette année ; Amnesty International a toutefois reçu des informations suggérant qu’au moins 22 personnes de plus auraient été exécutées, ce qui monterait à 53 le nombre de personnes mises à mort jusqu’ici en 2012. Cinq de ces exécutions ont eu lieu en public.

En décembre 2011, Amnesty International avait attiré l’attention sur le grand nombre d’exécutions ayant eu lieu au cours de l’année en Iran, plus de 600 personnes ayant été exécutées. La plupart d’entre elles avaient été reconnues coupables d’infractions en lien avec la législation sur les stupéfiants.

La peine capitale est très répandue en Iran et il y aurait des milliers de personnes dans le couloir de la mort, notamment : Hamid Ghassemi-Shall, qui a la double nationalité iranienne et canadienne, a été condamné à mort en 2008 sur la base d’accusations liées à l’espionnage ; Sakineh Mohammadi Ashtiani, condamnée pour « adultère en étant mariée », risque d’être lapidée ; Pastor Yousef Naderkhani, actuellement rejugé pour « apostasie de l’islam », est maintenu en détention en attendant l’issue de son nouveau procès.

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