Iran. Forte augmentation des exécutions publiques et premières exécutions de mineurs délinquants dans le monde en 2011

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

27 avril 2011

Index AI : PRE01/227/2011

Amnesty International condamne la forte augmentation du nombre d’exécutions publiques en Iran, et particulièrement la mise à mort de mineurs délinquants ; il s’agit des premières exécutions de ce type dans le monde en 2011.

Depuis le début de l’année 2011, au moins 13 hommes ont été pendus en public, alors que sur l’ensemble de l’année 2010 Amnesty International en avait recensé 14 en s’appuyant sur des sources iraniennes officielles. Sur ces 13 mises à mort, huit ont eu lieu après le 16 avril.

Le 20 avril, deux mineurs délinquants, identifiés par les seules initiales A.N. et H.B., ainsi qu’un autre homme, ont été pendus en public à Bandar Abbas, dans le sud de l’Iran, après avoir été déclarés coupables d’un viol et d’un meurtre commis alors qu’ils n’avaient que 17 ans. Un quatrième homme a été pendu le même jour pour viol.

« Une fois encore, l’Iran se distingue comme étant le seul pays du globe en 2011 à exécuter des mineurs délinquants. Aucun mineur ne doit plus être mis à mort par l’État, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Non seulement ces jeunes hommes ont été pendus pour des crimes commis alors qu’ils avaient moins de 18 ans, mais ils l’ont été sur la place publique. Les exécutions publiques sont une violation du droit à la vie, mais aussi un terrible affront à la dignité humaine, qui ne saurait être toléré. »

Le 16 avril, trois hommes ont également été pendus en public à Chiraz pour meurtre, vol à main armée et enlèvement. Un quatrième homme a été pendu le même jour près de Kazeroun, dans la province du Fars, après avoir été déclaré coupable de quatre chefs de meurtre.

En Iran, les exécutions publiques se déroulent généralement à l’aide de grues qui soulèvent dans les airs le condamné auquel on a passé une corde autour du cou. La population en est informée à l’avance.

L’Iran est l’un des rares pays du globe qui continue de prévoir la peine de mort pour des mineurs délinquants – à savoir les personnes reconnues coupables d’un crime présumé commis alors qu’elles avaient moins de 18 ans – et le seul, à notre connaissance, à avoir exécuté un mineur en 2010. Or, le droit international prohibe totalement l’exécution de mineurs délinquants.

Des experts des Nations unies dans le domaine des droits humains ont clairement affirmé que les exécutions en public ne servaient aucun intérêt légitime et ne faisaient qu’amplifier le caractère cruel, inhumain et dégradant de ce châtiment.

« Il est vraiment choquant qu’en dépit d’un moratoire sur les exécutions publiques instauré en 2008, les autorités iraniennes cherchent une fois encore à intimider leurs citoyens par de tels spectacles, qui déshumanisent les victimes et avilissent ceux qui y assistent », a déploré Hassiba Hadj Sahraoui.

L’Iran a connu une forte augmentation du nombre d’exécutions en décembre 2010 et janvier 2011, avec pas moins de 86 personnes exécutées pour le seul mois de janvier.

Si ce nombre a chuté en février 2011, après que la communauté internationale a condamné ce phénomène, il est de nouveau en hausse depuis la fin des vacances du Nouvel An iranien, début avril.

D’après des sources officielles, au moins 135 personnes ont été exécutées depuis le début de l’année – dont 10 en public. Selon des informations crédibles, plus de 40 autres ont subi le même sort, dont trois en public à Salmas, dans le nord-ouest de l’Iran, en février, sans que les autorités ne reconnaissent ces faits.

Enfin, les institutions des Nations unies chargées des droits humains ont fait valoir que les États qui procèdent à des exécutions doivent faire preuve de transparence quant à leur application de la peine de mort. L’Assemblée générale de l’ONU a adopté trois résolutions appelant à un moratoire mondial sur les exécutions.

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