« Il est scandaleux que Nazanin et Narges doivent en arriver là » - Kate Allen
Apprenant que Nazanin Zaghari-Ratcliffe, Irano-Britannique incarcérée qui travaille pour une organisation caritative, prévoit d’entamer une grève de la faim cette semaine en Iran, Amnesty International qualifie son geste d’« acte désespéré » et demande aux autorités iraniennes de « cesser ce jeu cruel » avec sa vie.
La semaine dernière, Nazanin Zaghari-Ratcliffe et Narges Mohammadi, éminente défenseure des droits humains et prisonnière d’opinion elle aussi détenue à la prison d’Evin à Téhéran, ont annoncé qu’elles entameraient ensemble une grève de la faim de trois jours à partir du 14 janvier pour protester contre le fait que les autorités iraniennes les privent régulièrement de soins médicaux spécialisés.
Nazanin Zaghari-Ratcliffe et Narges Mohammadi souffrent toutes deux de graves problèmes de santé (voir ci-dessous), pour la plupart causés ou aggravés par leur incarcération injuste et le refus des autorités de leur permettre de bénéficier de soins médicaux pendant leur détention.
Selon son époux Richard Ratcliffe, Nazanin Zaghari-Ratcliffe, âgée de 40 ans, a récemment découvert la présence de grosseurs au niveau de la poitrine et est très angoissée à l’idée de ne pas recevoir les soins dont elle a besoin pour ce problème. Amnesty International a déjà dénoncé les abus de la part des autorités pénitentiaires en Iran, qui privent souvent de manière délibérée les prisonniers politiques des soins médicaux dont ils pourraient avoir besoin.
La semaine dernière, le ministre britannique des Affaires étrangères Alistair Burt a déclaré que le Royaume-Uni accordait une « importance primordiale » au fait que Nazanin Zaghari-Ratcliffe puisse recevoir les soins dont elle a besoin en prison.
Parallèlement, les autorités carcérales iraniennes auraient empêché Nazanin Zaghari-Ratcliffe de téléphoner normalement à son époux Richard le week-end dernier, semble-t-il pour la punir de sa décision d’entamer une grève de la faim. Dans le cadre de représailles présumées, coordonnées par les autorités, le 9 janvier, la télévision d’État iranienne a diffusé des images montrant sa première arrestation en avril 2016.
À titre de représailles également, le 5 janvier, Narges Mohammadi a appris que les autorités iraniennes ont réduit le temps déjà limité pendant lequel elle est autorisée à parler chaque semaine au téléphone avec ses enfants, qui vivent à l’étranger.
Kate Allen, directrice d’Amnesty International Royaume-Uni, a déclaré :
« Il est scandaleux que Nazanin et Narges doivent en arriver là.
« Ce sont des prisonnières d’opinion, contraintes de recourir à des mesures désespérées, qui mettent leur vie en danger, simplement pour obtenir des soins vitaux.
« Les autorités iraniennes doivent cesser ces jeux cruels avec les deux femmes et les libérer immédiatement. Dans l’attente de leur libération, elles doivent recevoir les soins d’urgence dont elles ont besoin.
« Nazanin et Narges sont des prisonnières d’opinion : au lieu d’endurer des souffrances à la prison d’Evin, elles devraient être libres et profiter de la vie avec leurs familles. »
Employée d’une organisation caritative
Nazanin Zaghari-Ratcliffe, qui détient la double nationalité britannique et iranienne, a été arrêtée à l’aéroport Imam Khomeini à Téhéran le 3 avril 2016, avant d’embarquer dans un avion qui la ramenait au Royaume-Uni, au terme d’une visite habituelle dans sa famille avec sa petite fille Gabriella. Après avoir été détenue à l’isolement sans pouvoir consulter un avocat, elle a été condamnée à cinq ans de prison en septembre 2016, déclarée coupable d’« appartenance à un groupe illégal », à l’issue d’un procès manifestement inique devant un tribunal révolutionnaire de Téhéran. Elle a été condamnée en lien avec son travail à la fondation Thomson Reuters, une organisation caritative qui promeut le progrès socio-économique, le journalisme indépendant et l’état de droit, et avec son ancien poste d’assistante administrative au sein de BBC Media Action. Sa peine a été confirmée en appel l’année suivante et sa demande de révision judiciaire a été rejetée.
Nazanin Zaghari-Ratcliffe a récemment passé son 1 000e jour en détentionet, trois jours auparavant, elle avait eu 40 ans en prison. Plus de 175 000 personnes ont soutenula campagne d’Amnesty Internationalen faveur de sa libération.
Défenseure des droits humains
Narges Mohammadi est une défenseure des droits humains iranienne récompensée, incarcérée à plusieurs reprises pour ses actions pacifiques en faveur des droits humains en Iran. Elle purge une peine de 16 ans d’emprisonnement en raison de ses activités pacifiques : elle a notamment fait campagne contre l’usage de la peine de mort en Iran et participé à des manifestations pacifiques pour condamner les attaques à l’acide dont sont victimes les femmes en Iran. Elle souffre de plusieurs problèmes de santé très graves, notamment d’une embolie pulmonaire (un caillot de sang dans les poumons) et de troubles neurologiques qui peuvent lui causer des crises et une paralysie partielle temporaire. Elle a besoin de soins médicaux spécialisés constants, qui ne peuvent pas lui être prodigués en prison.