Rentré en Iran avec son épouse Cobra pour les vacances en juillet 2013, le doctorant Hamid Babaei se fait arrêter à l’aéroport de Téhéran au moment de prendre l’avion pour rentrer en Belgique, le 13 août 2013. Il sera accusé « d’atteinte à la sécurité nationale par la communication avec des États hostiles [à savoir la Belgique] » et condamné le 21 décembre 2013 à six ans d’emprisonnement. Sa femme, Cobra, doctorante à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), reste en Iran pour le soutenir. Son passeport lui a d’ailleurs été confisqué, ce qui l’empêche de quitter le pays.
Rapidement, la résistance s’organise
Le premier contact avec la section belge francophone d’Amnesty International se fait par l’intermédiaire de la propriétaire de l’appartement d’Hamid et Cobra, qui a eu le réflexe d’appeler l’organisation. Cobra prend ensuite le relais et détaille les charges qui pèsent sur son époux. Un dossier est rapidement constitué et une stratégie définie pour obtenir la libération d’Hamid Babaei. Une pétition est mise en ligne sur le site d’AIBF (elle a déjà récolté près de 23 000 signatures) et les groupes locaux et universitaires entrent en jeu, notamment ceux de de l’ULg et de l’ULB, puis d’autres universités francophones. Les recteurs des deux universités se manifestent également, rejoints par la suite par les recteurs des autres universités francophones.
Des lettres sont écrites et envoyées aux autorités iraniennes et des pétitions sont remises à plusieurs occasions par des représentants d’Amnesty et des recteurs à l’ambassade d’Iran.
Des activités externes sont également organisées pour mettre en avant le cas d’Hamid et de Cobra : conférences, concerts, manifestations devant l’ambassade d’Iran (dont, en mars 2016 et 2017, l’organisation d’une célébration du Norouz, Nouvel An iranien, sur la pelouse en face de l’ambassade), marches aux flambeaux, spots radio, après-midi iranienne, lâchers de ballons, collectes de messages de solidarité et de dessins dans les écoles, etc. Ainsi, ce sont des dizaines d’activités qui sont organisées par Amnesty dans le but de faire connaître le cas et de récolter des centaines de lettres et de signatures en faveur d’Hamid.
Un cas prioritaire pour Amnesty
En 2016, Hamid est choisi par AIBF pour faire partie des dix cas prioritaires sur lesquels l’organisation travaille, notamment pour le Marathon des lettres, un événement annuel où le public est invité à écrire une lettre pour un ou plusieurs individu(s) en danger dans un cadre convivial. Dans le cadre de « Villes lumières », qui a lieu tous les ans autour du 10 décembre à l’initiative d’Amnesty, plusieurs communes désireuses de s’impliquer pour les droits humains, ont publiquement montré leur soutien à Hamid Babaei par le biais d’événements divers. Plusieurs villes et communes ont ainsi « adopté » ce prisonnier d’opinion : Bruxelles-ville, Schaerbeek, Uccle et Ottignies-Louvain-la-Neuve.
AIBF effectue en parallèle un travail constant pour médiatiser le cas d’Hamid Babaei. Petit à petit, il se fait également connaître à l’extérieur de la Belgique. Plusieurs groupes d’étudiants américains regroupés au sein d’une association « Scholars at Risk » se mobilisent également pour lui.
La dernière initiative en date est l’envoi de deux lettres, en septembre 2017, aux Ayatollahs Ali Khamenei, Guide Suprême et Sadegh Larijani, Responsable du pouvoir judiciaire. L’une est signée par les bourgmestres des villes ayant « adopté » Hamid, l’autre par tous les recteurs des universités francophones de Belgique. Toutes deux dénoncent les conditions de détention inhumaines d’Hamid Babaei depuis son transfert à la section 10 de la prison de Raja’i Shahr et demandent sa libération immédiate et sans condition.
Les groupes locaux d’Amnesty en Belgique sont quant à eux de plus en plus nombreux à se mobiliser et d’autres tentatives « d’adoption » par des communes sont en cours.
Très récemment, Hamid Babaei a été transféré dans la prison d’Evin, où ses conditions de détention semblent moins terribles que celles de la prison de Raja’i Shahr. Tant qu’il sera derrière les barreaux, Amnesty soutiendra Hamid Babaei et demandera sa libération.