Iran, Huit prisonniers baloutches et arabes ahwazis sont en danger

Iran peine de mort

Les autorités iraniennes doivent abandonner immédiatement tout projet d’exécuter quatre Baloutches et quatre Arabes ahwazis alors que, depuis deux mois, l’on constate une hausse très inquiétante du nombre d’exécutions de prisonniers membres de minorités ethniques. La communauté internationale, notamment les organes des Nations unies spécialisés dans les droits humains, et l’Union européenne (UE) doivent intervenir sans attendre pour que leurs vies soient épargnées.

« La récente augmentation du nombre d’exécutions de Baloutches et d’Arabes ahwazis fait craindre que les autorités ne se servent de la peine de mort pour instiller la peur parmi les minorités ethniques défavorisées, ainsi que dans l’ensemble de la population. Le recours disproportionné à la peine de mort contre les minorités ethniques en Iran illustre parfaitement la discrimination et la répression tenaces auxquelles elles sont confrontées depuis des années, a déclaré Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.

« Amnesty International demande une action concertée de la communauté internationale afin d’obtenir des autorités iraniennes qu’elles renoncent à ces exécutions, les condamnations ayant été prononcées à l’issue de procès manifestement iniques sur la base d’aveux extorqués sous la torture. »

Les prisonniers baloutches condamnés à mort incarcérés à la prison de Zahedan, dans la province de Sistan-e Baloutchistan, et à la prison de Dastgerd, dans la province d’Ispahan – Hamed Rigi, Mehran Naru’i et deux autres dont les noms ne sont pas divulgués pour des raisons de sécurité – ont été soumis à une longue série de violations des droits humains, notamment à une disparition forcée et à la torture en vue de leur extorquer des « aveux » et de les condamner à l’issue de procès iniques.

« Amnesty International demande une action concertée de la communauté internationale afin d’obtenir des autorités iraniennes qu’elles renoncent à ces exécutions, les condamnations ayant été prononcées à l’issue de procès manifestement iniques sur la base d’aveux extorqués sous la torture. »

Trois Arabes ahwazis condamnés à mort – Ali Khasraji, Hossein Silawi et Jassem Heidari – se sont cousus les lèvres et observent une grève de la faim depuis le 23 janvier à la prison de Sheiban à Ahvaz, dans la province du Khouzistan, pour protester contre leurs conditions de détention, le refus des visites des familles et la menace d’exécution. Le quatrième Arabe ahwazi incarcéré, Naser Khafajian, est victime d’une disparition forcée depuis avril 2020, ce qui l’expose au risque de torture et d’exécution secrète.

Nombre alarmant d’exécutions visant des membres de minorités ethniques

D’après les chiffres obtenus du Centre Abdorrahman Boroumand, depuis le 1er décembre 2020, les autorités iraniennes ont exécuté au moins 49 personnes, dont plus d’un tiers étaient des Baloutches. Depuis le 19 décembre 2020, au moins 19 Baloutches et un Arabe ahwazi ont été exécutés.

C’est entre autres le cas du prisonnier baloutche Javid Dehghan [1], exécuté le 30 janvier 2021 malgré les graves violations des garanties de la procédure constatées dans son affaire, imputables aux pasdaran (gardiens de la révolution), aux autorités chargées des poursuites, au tribunal révolutionnaire et à la Cour suprême.

Le prisonnier Ali Motairi, Arabe ahwazi, observait une grève de la faim lorsqu’il a été exécuté le 28 janvier 2021. Il a lui aussi été condamné à mort en dépit de graves violations des garanties de la procédure régulière, notamment des allégations de torture et des « aveux » forcés. La famille d’Ali Motairi n’a pas été informée du droit de lui rendre visite une dernière fois, et n’a pas pu en bénéficier, comme le prévoit pourtant le droit iranien.

Des membres de la minorité baloutche risquent d’être exécutés

Hamed Rigi, détenu à la prison de Zahedan, a été condamné à mort en raison de son implication dans des affrontements armés avec les forces de lutte contre la drogue en 2018 dans la province de Sistan-e Baloutchistan, affrontements qui ont coûté la vie à plusieurs membres des forces de sécurité. Ses deux frères et coaccusés Behnam Rigi et Shoaib Rigi ont été exécutés le 19 décembre 2020, faisant craindre qu’il ne soit lui aussi bientôt mis à mort.

Mehran Naru’i, incarcéré dans le couloir de la mort à la prison de Dastgerd, a été condamné à la peine capitale il y a environ quatre ans pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants, et n’a pas pu consulter d’avocat au cours de sa détention provisoire ni lors de son procès. Un autre prisonnier baloutche, Anvar Naru’i, condamné à mort dans le cadre de la même affaire, a été exécuté le 28 janvier 2021, faisant craindre que Mehran Naru’i ne soit exécuté de manière imminente.

Deux autres prisonniers baloutches, dont les noms ne sont pas divulgués pour des raisons de sécurité, risquent également d’être exécutés à la prison de Zahedan. Ils ont été reconnus coupables d’« insurrection armée » (baghi) à l’issue d’un procès manifestement inique devant le tribunal révolutionnaire de Zahedan. Arrêtés en novembre 2015, ils ont été détenus pendant des mois à l’isolement où ils auraient été torturés par des agents du ministère du Renseignement. Ils n’ont été autorisés à consulter un avocat, qu’ils ont dû choisir parmi une liste approuvée par le responsable du pouvoir judiciaire, que quelques jours avant leur procès.

Les « aveux » livrés sous la contrainte par ces quatre prisonniers baloutches ont été illégalement admis à titre de preuves par les juges chargés de la procédure, alors qu’ils se sont rétractés devant la cour, affirmant que ces aveux leur avaient été extorqués sous la torture.

Des membres de la minorité arabe ahwazie risquent d’être exécutés

Selon une déclaration du porte-parole de la justice du 14 janvier 2021, Hossein Silawi, Ali Khasraji et Naser Khafajian ont été condamnés à mort par un tribunal révolutionnaire à Ahvaz, en lien avec l’attaque armée menée contre un poste de police à Ahvaz, le 14 mai 2017, qui a causé la mort de deux policiers.

Ils ont été placés pendant des mois à l’isolement dans un centre de détention du ministère du Renseignement, à Ahvaz, sans contact avec leurs familles ni leurs avocats. D’après des sources bien informées, ils ont été soumis à la torture et à des mauvais traitements, et ont eu des côtes ou les mains cassées. Des agents des services de sécurité et du renseignement les ont forcés sous la torture à faire des déclarations dans lesquelles ils s’accusaient eux-mêmes, diffusées peu après leur arrestation en mai 2017, puis retenues par la cour à titre de preuves pour les condamner. Ils n’ont pas été autorisés à désigner l’avocat de leur choix. En avril 2020, ils ont été victimes d’une disparition forcée après avoir été transférés dans un lieu tenu secret. Hossein Silawi et Ali Khasraji ont été renvoyés à la prison de Sheiban vers novembre 2020. Naser Khafajian est toujours victime d’une disparition forcée et les demandes de sa famille pour savoir où il se trouve et ce qui lui est arrivé demeurent sans réponse.

« Il est déplorable que la Cour suprême iranienne ait à plusieurs reprises approuvé les yeux fermés les condamnations et les peines capitales prononcées à l’issue de procès manifestement iniques. Les victimes du système pénal iranien défaillant n’ont alors aucune instance vers laquelle se tourner et les auteurs d’atteintes aux droits humains bénéficient d’une impunité absolue. »

Jassem Heidari a été reconnu coupable d’« insurrection armée » (baghi) par un tribunal révolutionnaire à Ahvaz et condamné à mort en raison de sa collaboration présumée avec des organisations opposées à la République islamique. La Cour suprême a confirmé le verdict en novembre 2020. D’après des sources bien informées, à la suite de son arrestation en décembre 2017, il a été détenu pendant des mois à l’isolement sans pouvoir communiquer avec sa famille ni son avocat et a subi torture et mauvais traitements.

« Il est déplorable que la Cour suprême iranienne ait à plusieurs reprises approuvé les yeux fermés les condamnations et les peines capitales prononcées à l’issue de procès manifestement iniques. Les victimes du système pénal iranien défaillant n’ont alors aucune instance vers laquelle se tourner et les auteurs d’atteintes aux droits humains bénéficient d’une impunité absolue » a déclaré Diana Eltahawy.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception. La peine de mort est une violation du droit à la vie, et le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.

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