Iran. Interdiction de sortie du territoire pour un avocat de renom

Communiqué de presse
EFAI-
02 Octobre 2009

Les autorités iraniennes ont interdit à un défenseur renommé des droits humains de quitter le pays vendredi 2 octobre. Abdolfattah Soltani devait se rendre en Allemagne pour y recevoir un prix des droits humains.

Amnesty International a dénoncé la décision des autorités iraniennes qu’elle a qualifiée d’atteinte au droit à la liberté mouvement, garanti par le droit international.

La famille d’Abdolfattah Soltani a indiqué que celui-ci n’avait pas pu monter vendredi matin dans l’avion qu’il s’apprêtait à prendre pour se rendre en Allemagne.

Des hommes en civil se sont approchés de lui et lui ont confisqué son passeport en lui disant que l’autorisation qui lui avait été donnée de quitter l’Iran avait été « annulée ». Ils lui ont donné pour instruction de se rendre au bureau présidentiel la semaine suivante pour en savoir plus à son sujet.

Abdolfattah Soltani était en route pour Nuremberg où il devait recevoir le prix international des droits humains de Nuremberg dimanche 4 octobre. Cette distinction prestigieuse « a non seulement pour objectif de saluer les efforts des récipiendaires mais aussi de contribuer à la protection des défenseurs des droits humains en danger et d’inciter d’autres personnes à s’engager en faveur de ces droits.

Doté de 15 000 euros, ce prix est remis tous les deux ans à des particuliers ou des groupes qui se sont engagés de manière exemplaire en faveur des droits humains, en se mettant parfois en grand danger. »

« Non seulement, les défenseurs des droits humains en Iran sont parfois arrêtés en raison de leurs activités, mais ils sont aussi fréquemment harcelés et intimidés par les autorités policières, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient d’Amnesty International. Nombre d’entre eux se sont vus refuser l’autorisation de se rendre à l’étranger pour y suivre des ateliers de formation ou des séminaires sur les droits humains, ou recevoir des récompenses pour leur travail. »

Dans la plupart des cas, ni le motif ni le fondement légal de l’interdiction dont ils font l’objet ne leur sont communiqués, et ils n’ont aucune voie de recours contre cette interdiction.

Abdolfattah Soltani est membre du Centre de défense des droits humains, fondé en 2002 par la lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi et de nombreux autres éminents défenseurs des droits humains.

Arrêté le 16 juin 2009, au lendemain de l’élection présidentielle contestée du 12 juin, Abdolfattah Soltani avait été libéré sous caution sept semaines plus tard.

Il avait déjà été arrêté en 2005 et avait passé 219 jours en détention, dont 43 jours à l’isolement. En 2006, il avait été condamné à un total de cinq ans d’emprisonnement pour « diffusion de documents confidentiels » et « propagande contre le régime ».

Le 28 mai 2007, cependant, Abdolfattah Soltani avait été acquitté de toutes les charges retenues contre lui depuis son arrestation en 2005. Il n’a pas eu l’autorisation de se rendre à l’étranger depuis lors, mais un passeport lui avait été remis récemment et on lui avait dit qu’il serait autorisé à se rendre en Allemagne.

Abdolfattah Soltani avait souhaité se porter candidat à l’élection du bureau du Conseil de l’ordre des avocats en 2008, mais sa candidature avait été rejetée pour « inaptitude ».

Amnesty International a demandé à maintes reprises au gouvernement iranien de lever l’interdiction de sortie du territoire imposée à tous les défenseurs des droits humains et de les autoriser à se rendre à l’étranger pour mener à bien leur action en faveur des droits humains.

« Il est temps que le gouvernement reconnaisse le rôle essentiel joué par les défenseurs des droits humains, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui. Au lieu d’avoir recours à des manœuvres illégales pour saper le travail de ces personnes, les autorités devraient promouvoir et soutenir leur action dans le respect de la Déclaration des Nations unies sur la protection des défenseurs des droits de l’homme. »

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