Iran. Des journalistes sont emprisonnés sur fond de nouvelles restrictions

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Les autorités iraniennes doivent libérer immédiatement les dizaines de journalistes arrêtés depuis le 12 juin et exposés au risque d’être torturés en détention, a indiqué Amnesty International ce vendredi 26 juin 2009, après les avoir tous adoptés en tant que prisonniers d’opinion.

« Il est choquant que des journalistes – dont le travail consiste à informer la population – soient placés derrière les barreaux, en plus de toutes les mesures draconiennes que les autorités ont prises pour limiter la libre circulation des informations relatives à ce qui se passe réellement en Iran, a affirmé Hassiba Hadj Sahraoui d’Amnesty International. Au lieu d’enquêter sur les allégations d’atteintes aux droits humains, les autorités font savoir sans ambiguïté qu’elles cherchent à escamoter la vérité, aux yeux de leurs citoyens et du reste du monde. »

Des dizaines de journalistes, dont certains ont aussi fait campagne pour Mir Hossein Mousavi ou Mehdi Karroubi, tous deux candidats à l’élection présidentielle, sont maintenus en détention depuis les quinze derniers jours. On ignore où se trouvent la plupart d’entre eux.

Le 22 juin, entre 20 et 25 employés du journal Kalameh Sabz ont été arrêtés dans leurs bureaux, à Haft Tir Square, et sont toujours détenus. Les autorités n’ont pas révélé le sort qui leur a été réservé. Fondé par le candidat à l’élection présidentielle Mir Hossein Mousavi en 2009, Kalameh Sabz n’est pas sorti en kiosque depuis le 14 juin.

Depuis l’annonce le 13 juin de la victoire du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, les autorités iraniennes imposent de sévères restrictions à la liberté d’expression. L’accès à Internet est bloqué ou systématiquement interrompu. Les journaux iraniens se voient interdire de publier toute information relative aux émeutes. Il est interdit aux journalistes étrangers de sortir dans la rue et plusieurs reporters étrangers ont été expulsés du pays.

« Les autorités doivent pour le moins révéler sans délai où se trouvent ces journalistes, veiller à ce qu’ils ne soient pas maltraités ou torturés et permettre à leurs familles et à leurs avocats de leur rendre visite, a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui. Tant que les autorités ne lèveront pas toutes les restrictions illégales imposées à la liberté d’expression – notamment le droit des journalistes de rendre compte des événements – et ne libèreront pas tous les journalistes interpellés, nous pouvons simplement supposer qu’elles cherchent à dissimuler les preuves d’atteintes aux droits humains et à bâillonner tous les détracteurs. »

Complément d’information

Depuis l’élection présidentielle en Iran, des centaines de politiciens, de journalistes, d’universitaires, d’étudiants et de défenseurs des droits humains ont été placés en détention, parfois pour une brève période. La plupart sont des partisans de Mir Hossein Mousavi ou de Mehdi Karroubi, ou des proches de l’ancien président Khatami qui a apporté son soutien à la campagne de Mir Hossein Mousavi. D’autres ont critiqué les politiques du président sortant Ahmadinejad. Le 24 juin, 70 universitaires qui avaient rencontré Mir Hossein Mousavi ont été appréhendés alors qu’ils quittaient son bureau. Tous ont été relâchés plus tard, à l’exception de quatre d’entre eux, dont le Dr Ghorban Behzadian, qui avait dirigé la campagne électorale de Mir Hossein Mousavi. Selon des déclarations officielles, plus d’un millier d’autres personnes ont été arrêtées lors des manifestations dénonçant le résultat de l’élection, au cours desquelles les forces de sécurité ont fait usage d’une force excessive. Nombre d’entre elles ont été frappées et, d’après les autorités, 21 personnes ont trouvé la mort – ce chiffre étant sans doute bien en-deçà de la réalité.

Les journalistes détenus depuis les quinze derniers jours sont notamment :

Mahsa Amrabad, journaliste au quotidien Etemad-e Melli, fondé par le candidat à l’élection présidentielle Mehdi Karroubi, a été arrêtée chez elle le 14 juin.

Abdolreza Tajik, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Farhikhtegan, a été appréhendé dans les locaux du magazine le 14 juin.

Keyvan Samimi Behbehani, rédacteur en chef du magazine interdit Nameh, a été arrêté chez lui le 14 juin. Il est également membre de la Commission des arrestations arbitraires du Centre de défense des droits humains.

Mojtaba Pourmohsen, rédacteur en chef du journal Gilan-e Emrooz, dans la ville de Rasht, au nord du pays, où il a réalisé un programme pour la radio Zamaneh basée aux Pays-Bas, a été arrêté le 15 juin.

Fariborz Soroush, journaliste indépendant qui a accordé des interviews à Radio Farda (basée à Prague), aurait été arrêté le 16 juin.

Saeed Laylaz, journaliste économique de renom qui écrit pour Sarmayeh et avait vivement critiqué la politique économique du président sortant Ahmadinejad, a été arrêté le 17 juin.

Mohammad Ghochani, rédacteur en chef d’Etemad-e Melli, a été arrêté le 18 juin à son domicile. Selon des informations parvenues à Amnesty International, il serait détenu à la section 209 de la prison d’Evin à Téhéran, sous contrôle du ministère du Renseignement.

Karim Arghandehpour, journaliste indépendant et blogueur qui écrivait pour divers journaux réformistes désormais interdits, a été arrêté le 14 juin.

Des journalistes travaillant pour des agences de presse étrangères ont également été arrêtés : Maziar Bahari, ressortissant irano-canadien et correspondant de Newsweek en Iran, a été arrêté le 21 juin ; Iason Athanasiadis-Fowden, ressortissant grec couvrant l’élection pour le Washington Times, a été arrêté alors qu’il tentait de quitter le pays, probablement le 19 juin.

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