IRAN. L’Iran doit libérer les journalistes détenus en tant que prisonniers d’opinion et lever l’ensemble des restrictions imposées à la liberté d’information

Déclaration publique

Index AI : MDE 13/046/2010

ÉFAI- 30 avril 2010

Déclaration conjointe d’Amnesty International et de ARTICLE 19

À l’approche de la Journée mondiale pour la liberté de la presse le 3 mai, deux importantes organisations de défense des droits humains – Amnesty International et ARTICLE 19 – appellent les autorités iraniennes à libérer les journalistes et blogueurs prisonniers d’opinion, détenus par dizaines en Iran pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression ; les deux organisations demandent en outre aux autorités de lever l’ensemble des restrictions relatives à la liberté d’expression et au droit à l’information, de plus en plus nombreuses depuis l’élection présidentielle controversée de juin 2009.

Les deux organisations déclarent que la liberté de la presse donne aux citoyens le pouvoir d’obliger les autorités à rendre compte de leurs actes – et sans obligation de rendre des comptes, les atteintes aux droits humains se multiplient comme cela a été démontré tout au long de l’année 2009.

Au lieu de maintenir la liberté d’expression, depuis l’élection présidentielle controversée de l’année dernière qui a fait descendre des millions de manifestants dans les rues, les autorités iraniennes ont intensifié leur répression à l’encontre des médias traditionnels et l’ont étendue au « journalisme citoyen », de plus en plus pratiqué grâce aux nouvelles technologies permettant de diffuser des informations et de dénoncer en particulier les violations des droits humains. L’Iran est décrit par des organisations défendant la liberté de la presse comme « la plus grande prison du monde pour les journalistes ». Les autorités iraniennes ont cherché à museler la presse et les autres formes de journalisme indépendant pour éviter une surveillance publique trop étroite et d’avoir à rendre compte de leurs actes.

Des dizaines de journalistes – travaillant pour des publications favorables à des réformes ou considérés comme proches des réformateurs, ou qui s’étaient montrés critiques vis-à-vis des autorités ou avaient dénoncé des violations des droits humains – ont été arbitrairement placés en détention. Selon les déclarations de certains responsables gouvernementaux, des journalistes seraient au cœur de tentatives de renversement du gouvernement par une « révolution de velours », des affirmations qui les exposent à des poursuites sur la base d’accusations formulées en termes vagues comme, par exemple, « actes nuisant à la sécurité nationale » ou « propagande contre le régime par le biais d’interviews accordées à des médias étrangers » ou « association dans l’intention de porter atteinte à la sécurité nationale ».

Certains – comme Bahman Ahmadi Amou’i, condamné à une peine de cinq ans de prison et Saeed Laylaz, journaliste financier – sont en situation précaire après avoir été libérés contre le versement de cautions élevées, pour lesquelles ils ont hypothéqué leurs maisons ou celles de leurs proches. D’autres ont été condamnés à de longues peines d’emprisonnement à l’issue de procès inéquitables et purgent actuellement leur peine. Parmi eux figurent deux journalistes connus, Masoud Bastani et Hengameh Shahidi, tous deux condamnés à six années d’emprisonnement. Quelques-uns ont été condamnés à des peines de flagellation après avoir été reconnus coupables d’ « insultes envers des représentants de l’État », comme le président ou le Guide suprême.

D’autres doivent encore être inculpés ou jugés, bien qu’ils aient déjà passé plusieurs mois en détention, souvent à l’isolement dans des prisons où les risques de torture et mauvais traitements, notamment les coups, menaces, voire même simulacres d’exécution sont fréquents. Parmi eux figurent Isa Saharkhiz, détenu depuis juillet 2009, Emadeddin Baghi et Badrolsadat Mofidi, secrétaire de l’Association des journalistes iraniens interdite par les autorités en août 2009 ; ces deux derniers sont détenus depuis décembre 2009. Tous trois souffrent de problèmes de santé dus à leur détention et l’on craint qu’ils ne bénéficient pas d’un traitement médical approprié.

Shiva Nazar Ahari, blogueuse, journaliste et militante des droits humains en association avec le Comité des reporters des droits humains (CHRR) bénéficie du privilège douteux d’avoir été arrêtée deux fois depuis l’élection. Arrêtée en juin, elle a été maintenue en détention pendant trois mois, puis arrêtée à nouveau en décembre 2009 alors qu’elle se rendait aux obsèques du grand ayatollah Montezeri. Les autorités iraniennes affirment que le CHRR est lié à l’Organisation iranienne des moudjahidin du peuple (OIMP), groupe d’opposition interdit en Iran, ce que le CHRR dément vigoureusement. Shiva Nazar Ahari n’a pas encore été jugée et selon sa mère les magistrats n’ont pas réussi à retrouver le dossier de sa fille, empêchant ainsi son avocat de le consulter.

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