Iran. Les arrestations de manifestants se poursuivent

Déclaration publique

MDE 13/030/2007

Amnesty International demande aux autorités iraniennes de libérer immédiatement et sans conditions toutes les personnes placées en détention ces dernières semaines lors de manifestations pacifiques, comme celles en faveur du droit des femmes ou celles des enseignants en grève.

Arrestation d’enseignants

Des dizaines d’enseignants seraient toujours en détention après une manifestation pacifique, ce 14 mars, devant le Majles (le parlement iranien). Des dizaines, voire des centaines de personnes auraient été arrêtées. Nombre d’entre elles ont été rapidement libérées mais plusieurs responsables restent en détention, dont AliAkbar Baghani, secrétaire général du syndicat des enseignants ; Mahmoud Beheshti Langaroudi, porte-parole du syndicat ; et Alireza Hashemi, secrétaire général de l’organisation des enseignants. Amnesty International a reçu les noms de 18 autres personnes arrêtées le 14 mars ; il est difficile de déterminer si elles sont toujours détenues. Selon certaines informations, quelques-unes de ces personnes au moins ont été convoquées devant le tribunal révolutionnaire, le 19 mars.

Les enseignants ont annoncé qu’ils entameraient une grève nationale le 6 mars 2007, pour exiger la mise en œuvre d’un texte de loi augmentant leur salaire, et qu’ils organiseraient de grandes manifestations les jours suivants. Le 8 mars, AliAkbar Baghani, Mahmoud Beheshti Langaroudi, Alireza Hashemi et jusqu’à 17 autres personnes ont été brièvement détenus au milieu de la nuit, à Téhéran. Le 13 mars, trois militants enseignants auraient été arrêtés dans la ville de Kermanshah, dans l’ouest du pays.

Le 13 mars, une réunion entre des représentants des enseignants et des membres du Majles a eu lieu en présence de responsables de la sécurité et du renseignement ; cette réunion s’est terminée sans accord, après quoi les enseignants ont annoncé qu’ils organiseraient une manifestation devant le Majles le lendemain.

Arrestations dans la province du Kordestan, lors de la journée internationale de la femme

Huit personnes au moins auraient été arrêtées lors d’une manifestation initialement pacifique destinée à célébrer la journée internationale de la femme, le 8 mars, à Sanandaj, la capitale de la province du Kordestan. La plupart des personnes arrêtées auraient été libérées peu après, mais au moins l’une d’entre elles, Aso Saleh, un journaliste travaillant pour l’hebdomadaire Didgah, se trouverait encore en détention. Aso Saleh avait été condamné en 2006 à six mois d’emprisonnement et suspendu pour trois ans, en lien avec un article publié dans un journal étudiant à propos d’une dispute entre des membres du conseil municipal de Sanandaj. Aso Saleh aurait commencé une grève de la faim pour protester contre l’illégalité de sa dernière arrestation. Plusieurs personnes auraient également été arrêtées lors d’une autre manifestation s’étant déroulée le même jour à Saqqez, mais elles ont toutes été libérées peu après.

Deux militantes des droits des femmes sont toujours en détention

Shadi Sadr et Mahboubeh Abbasgholizadeh sont toujours détenues dans le quartier 209 de la prison d’Evin. Elles ont été arrêtées lors d’une manifestation pacifique, le 4 mars dernier, pour protester contre les poursuites visant cinq autres militants, en lien avec une manifestation pacifique de juin 2006. Shadi Sadr est l’avocate de l’une des personnes poursuivies le 4 mars. Selon certaines informations, Shadi Sadr et Mahboubeh Abbasgholizadeh ont reçu l’autorisation de téléphoner à leurs familles le 15 mars, et ont été informées que leur caution avait été fixée à 200 millions de toumans (soit plus de 215 000 dollars des Etats-Unis).

Ce 15 mars, le centre juridique Raahi, fondé par Shadi Sadr, et l’ONG Centre de formation, fondée par Mahboubeh Abbasgholizadeh, ont été fermés par des représentants du tribunal révolutionnaire qui auraient inspecté leurs locaux, pris des photographies et condamné les bureaux. Une autre ONG, Koneshgaran-e Davtalab (Militants bénévoles) a également été fermée le même jour.

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