Communiqué de presse

Iran : les autorités doivent cesser de harceler la famille d’une avocate incarcérée

Les autorités iraniennes doivent immédiatement mettre un terme aux mesures de harcèlement que subit la famille de Nasrin Sotoudeh, éminente avocate spécialisée dans la défense des droits humains et prisonnière d’opinion, a déclaré Amnesty International alors qu’une interdiction de voyager a été prononcée à l’encontre de son époux, Reza Khandan, et de leur fille Mehraveh Khandan, âgée de 12 ans.

Nasrin Sotoudeh purge une peine de six ans dans la prison d’Evin à Téhéran. Elle a été condamnée pour des infractions formulées en termes vagues – « diffusion de propagande contre le régime » et « atteinte à la sûreté nationale » – en raison de son appartenance au Centre de défense des droits humains (CDDH). Elle nie ces accusations.

« Interdire de voyager à la fille et à l’époux de Nasrin Sotoudeh est une manœuvre clairement destinée à contraindre sa famille à arrêter de faire campagne en faveur de sa libération, a expliqué Ann Harrison, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Les autorités iraniennes doivent non seulement lever cette interdiction et cesser de harceler la famille de Nasrin Sotoudeh, mais aussi la libérer immédiatement et sans condition, car il s’agit d’une prisonnière d’opinion incarcérée uniquement pour avoir exprimé sans violence ses convictions et œuvré de manière légitime en faveur des droits fondamentaux. »

Avocate défenseure des droits fondamentaux, qui a notamment représenté la lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, Nasrin Sotoudeh a été interpellée en septembre 2010.

Elle a été condamnée à une peine de 11 ans de prison en janvier 2011, mais en septembre sa condamnation a été réduite à six ans. Cette femme s’est également vu interdire de quitter le pays et de pratiquer le droit pendant 20 ans, durée réduite à 10 ans en appel.

Les autorités pénitentiaires l’ont à maintes reprises placée à l’isolement cellulaire et ont empêché ses enfants de lui rendre visite. En février 2012, par exemple, les gardiens auraient estimé que l’uniforme d’écolière de sa fille Mehraveh Khandan ne respectait pas pleinement le code vestimentaire édicté par l’État.

La famille de Nasrin Sotoudeh a été fréquemment harcelée par le passé. En janvier 2011, son époux Reza Khandan, qui mène une campagne publique pour faire libérer sa femme, a passé une nuit en détention à la prison d’Evin après avoir répondu à une convocation.

Il a été interrogé pendant une dizaine de minutes, les yeux bandés, puis on lui a demandé de mettre deux de ses réponses par écrit. Il a été accusé de « publier des mensonges » et de « troubler l’opinion publique », sur la base d’une lettre qu’il a adressée au Bureau du procureur, dans laquelle il dénonçait les conditions de détention de sa femme.

Reza Khandan a été relâché le lendemain matin, après avoir versé une caution de 500 millions de rials iraniens (environ 33 300 euros). Cette somme devra être réglée par le garant, si Reza Khandan ne répond pas à une prochaine convocation.

« Le harcèlement dont sont victimes les proches de Nasrin Sotoudeh, qui se battent pour faire valoir les droits de cette femme injustement incarcérée, témoigne une fois encore de la détérioration de la situation en termes de droits humains en Iran », a conclu Ann Harrison.

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