Communiqué de presse

Irlande du Nord. La loi sur l’avortement est l’une des plus restrictives d’Europe

La loi sur l’avortement en Irlande du Nord est draconienne et doit être réformée de toute urgence, a déclaré Amnesty International jeudi 26 février 2015, à l’occasion de la publication d’un nouveau rapport intitulé Northern Ireland : Barriers to accessing abortion services.

C’est en Irlande du Nord que la sanction pénale en cas d’avortement est la plus lourde d’Europe : la femme qui se fait avorter illégalement et toute personne qui pratique l’intervention encourent la détention à perpétuité.

Cette sentence s’applique même lorsque la grossesse est le résultat d’un viol ou d’un inceste, ou en cas de malformation fœtale létale. Les lois restrictives sur l’avortement en vigueur en Irlande du Nord bafouent clairement les obligations internationales relatives aux droits humains qui incombent au Royaume-Uni, met en garde le rapport.

D’après les recherches d’Amnesty International, en raison des lois restrictives, des sanctions lourdes et de l’encadrement défaillant du ministère de la Santé, les professionnels de la santé ont même peur de pratiquer des avortements légaux, ce qui se traduit par une « inégalité géographique » pour les femmes souhaitant avoir accès aux conseils et services en matière d’avortement en Irlande du Nord. De ce fait, un certain nombre de femmes, notamment dans les zones rurales et dans l’ouest du pays, ne peuvent pas bénéficier de ces services.

Grainne Teggart, chargée de campagne sur l’Irlande du Nord à Amnesty International, a déclaré : « L’Irlande du Nord a la loi la plus draconienne d’Europe en ce qui concerne l’avortement. Cette triste distinction devrait alerter les responsables politiques. L’absence d’action politique sur cette question clé contribue à instaurer un climat de peur parmi les professionnels de santé. Des centaines de femmes sont contraintes de quitter l’Irlande du Nord chaque année, uniquement pour avoir accès aux services de santé auxquels elles devraient avoir droit. Cela ne fait qu’aggraver le traumatisme qu’elles endurent. Les responsables politiques d’Irlande du Nord esquivent depuis trop longtemps leurs responsabilités concernant la santé des femmes. Le ministère de la Santé doit s’acquitter de son devoir envers les femmes et les jeunes filles en Irlande du Nord et diffuser des lignes directrices claires à ses employés qui sont en première ligne, tandis que l’Assemblée doit agir sans plus attendre et réformer la loi sur l’avortement. »

Dawn Purvis, directrice du programme pour l’organisation Marie Stopes Irlande du Nord, a déclaré : « L’Assemblée d’Irlande du Nord contraint les femmes dont la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste et qui souhaitent avorter à poursuivre leur grossesse contre leur gré. Il s’agit d’un traitement inhumain et dégradant. Les responsables politiques ont le pouvoir de changer la situation et de prouver aux femmes qu’ils les prennent en compte, les considèrent comme des citoyens à part entière, et leur font confiance pour faire le choix qu’elles estiment juste. En attendant, les femmes d’Irlande du Nord continuent d’être des citoyens de seconde zone au Royaume-Uni. »

Donagh Stenson, de l’association British Pregnancy Advisory Service, a déclaré : « Depuis 1970, 59 614 femmes d’Irlande du Nord n’ont eu d’autre choix que de se rendre en Angleterre pour se faire avorter. Aucun responsable politique dans un pays civilisé ne devrait contraindre une femme à quitter sa famille et ses proches pour se rendre dans une autre région afin de subir un avortement. Prendre la décision d’interrompre une grossesse est déjà assez difficile en soi. »

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