Irlande, Il faut protéger les travailleuses du sexe

Manifestation Dublin Sécurité pour les travailleurs du sexe

Amnesty International Irlande a présenté une communication dans le cadre de l’évaluation au bout de trois ans de la Loi pénale de 2017 relative aux infractions à caractère sexuel, qui a érigé en infraction l’achat de services sexuels.

Elle souligne dans cette communication que cette loi, officiellement destinée à protéger les travailleuses et travailleurs du sexe, pourrait en réalité les mettre en danger. Partout dans le monde, il est de plus en plus prouvé que la criminalisation de l’achat de services sexuels expose les travailleuses et travailleurs du sexe à un plus grand risque d’atteintes aux droits humains, notamment aux mains de leurs clients. Dans sa communication, Amnesty International demande que soit évaluées les répercussions de cette loi sur les droits humains des personnes se livrant au commerce du sexe en Irlande, y compris les hommes et les personnes transgenres, ainsi que ses conséquences spécifiques sur les travailleuses et travailleurs du sexe migrants.

« Une loi destinée à protéger les travailleuses et travailleurs du sexe doit leur apporter une réelle protection. La criminalisation de l’achat de services sexuels visait peut-être à éviter que l’action policière ne soit concentrée sur les personnes qui vendent ces services, mais en réalité elle peut les contraindre à prendre encore plus de risques », a déclaré Colm O’Gorman, directeur d’Amnesty International Irlande.

« Une étude récente portant sur les deux années précédant et les deux années suivant l’adoption de la loi montre une augmentation de 92 % des crimes violents signalés par des travailleuses et travailleurs du sexe. L’an dernier, le ministère de la Justice d’Irlande du Nord a confirmé que sa propre loi similaire n’avait pas donné lieu à une baisse de la demande mais avait en revanche accru les préjugés et les violences à l’égard des personnes se livrant au commerce du sexe.

« L’évaluation de la loi ne doit pas s’intéresser uniquement à l’infraction d’achat de services sexuels. La loi de 2017 a aussi alourdi la peine pour « tenue de maison close » au lieu d’abolir cette infraction, alors que celle-ci avait été utilisée contre des travailleuses et travailleurs du sexe qui se regroupaient simplement sur un même lieu de travail pour des questions de sécurité. Comme prévu, des personnes exerçant des métiers du sexe ont continué d’être prises pour cible en vertu de cette disposition législative. D’autre part, les travailleuses et travailleurs du sexe eux-mêmes doivent bien entendu avoir la possibilité de s’exprimer à propos de la manière dont ils vivent cette législation, et leurs points de vue doivent être pris en compte dans les conclusions de l’évaluation.

« Une étude récente portant sur les deux années précédant et les deux années suivant l’adoption de la loi montre une augmentation de 92 % des crimes violents signalés par des travailleuses et travailleurs du sexe. L’an dernier, le ministère de la Justice d’Irlande du Nord a confirmé que sa propre loi similaire n’avait pas donné lieu à une baisse de la demande mais avait en revanche accru les préjugés et les violences à l’égard des personnes se livrant au commerce du sexe. »

« Il existe par ailleurs un amalgame préjudiciable entre le travail du sexe consenti et la traite et l’exploitation, que des lois préexistantes érigent en infractions. Nous restons préoccupés par le manque de condamnations et d’autres mesures efficaces pour combattre cette atteinte abominable aux droits humains. L’évaluation de la loi doit s’interroger sur le pourquoi de cette situation, et se demander si la loi de 2017 contribue à prévenir la violence et l’exploitation. »

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