Israël et TPO. Alors qu’une cargaison d’armes américaines arrive en Israël, Obama est prié de bloquer toutes les exportations

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La nouvelle livraison à Israël d’une importante cargaison de munitions en provenance des États-Unis, dénoncée par Amnesty International ce mercredi 1er mars 2009, amène à se demander si le président Obama prendra des mesures afin d’empêcher que les États-Unis n’alimentent de nouvelles attaques israéliennes contre des civils pouvant constituer des crimes de guerre, comme ce fut le cas à Gaza.

Selon de nouvelles informations parvenues à Amnesty International, le Wehr Elbe, un cargo allemand affrété et contrôlé d’un point de vue légal par le commandement du transport maritime militaire des États-Unis, est arrivé au port israélien d’Ashdod, à 40 km au nord de Gaza par la route, et a déchargé sa cargaison composée semble-t-il de plus de 300 containeurs. Le Wehr Elbe a quitté les États-Unis à destination d’Israël le 20 décembre 2008, une semaine avant que ne débutent les attaques israéliennes contre Gaza, avec une cargaison de 989 containeurs de munitions, de 6 mètres de long chacun, pour un poids total estimé à 14 000 tonnes.

« D’un point de vue légal et moral, le gouvernement de Barack Obama aurait dû mettre fin aux livraisons d’armes américaines, à la lumière des nombreux éléments attestant que les forces israéliennes se sont récemment servies d’équipements militaires et de munitions de ce type pour commettre des crimes de guerre, a affirmé Brian Wood. Fournir des armes dans ces circonstances est contraire aux dispositions du droit américain. »

Interrogé au sujet du Wehr Elbe, un porte-parole du Pentagone a confirmé à Amnesty International que « le déchargement de toute la cargaison de munitions américaines s’est achevé avec succès à Ashdod [Israël] le 22 mars ». Il a ajouté que cette cargaison était destinée à une installation de stockage américaine située en Israël. Un accord israélo-américain autorise, si nécessaire, le transfert à l’armée israélienne de ces munitions américaines stockées en Israël. Selon un autre haut responsable américain, les États-Unis examinent actuellement l’usage qu’a fait Israël des armes américaines pendant le conflit de Gaza afin de déterminer s’il a respecté le droit américain, mais aucune conclusion n’a encore été rendue.

« Le risque est grand que l’armée israélienne se serve de ces nouvelles munitions pour violer une nouvelle fois le droit international, comme elle l’a déjà fait durant le conflit à Gaza, a mis en garde Brian Wood, responsable de la campagne sur le contrôle des armes à Amnesty International. Nous exhortons tous les gouvernements à suspendre immédiatement toutes les livraisons d’armes à destination d’Israël et de tous les groupes armés palestiniens, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus guère de risque que soient perpétrées des atteintes aux droits humains. »

Les États-Unis étaient de loin le premier fournisseur d’armes à Israël entre 2004 et 2008. Le gouvernement américain a également prévu d’apporter une aide militaire de 23 milliards d’euro à Israël, malgré l’usage manifestement abusif des armements et des munitions à Gaza et au Liban par les Forces de défense d’Israël (FDI). Selon un responsable américain, le président Obama n’envisage pas de réduire les milliards d’euros d’aide militaire promis à Israël dans le cadre d’un contrat de dix ans signé en 2007 par le gouvernement du président George Bush. Ce nouveau contrat prévoit une augmentation de 25 p. cent par rapport au dernier contrat entériné par le précédent gouvernement américain.

Amnesty International a relaté en détail les crimes de guerre dont se seraient rendus responsables les FDI et les groupes armés palestiniens à Gaza. Le 15 janvier, l’organisation a invité tous les gouvernements à suspendre immédiatement les transferts d’armes à destination de toutes les parties au conflit à Gaza afin de prévenir de nouvelles atteintes aux droits humains commises à l’aide de ces armes et d’autres équipements militaires.

Complément d’information

Le Wehr Elbe a quitté l’État américain de la Caroline du Nord le 20 décembre 2008 avec une importante cargaison de munitions et devait initialement transiter par le port d’Astakos, sur la côte ouest de la Grèce. Le signal de son transpondeur a disparu le 12 janvier, lorsque le cargo n’a pas pu entrer dans le port d’Astakos, en raison d’une protestation de la section grecque de la coalition Stop the War. On a ensuite retrouvé sa trace alors qu’il traversait le port d’Augusta, sur l’île italienne de la Sicile, puis près de Gibraltar à la mi-février. Il a alors réapparu le 23 mars en route depuis Ashdod vers le port d’Odessa, sur la mer Noire, où il s’est amarré le 26 mars au quai n° 7. Amnesty International sait désormais que le cargo est arrivé au port d’Ashdod le 22 mars et aurait déchargé plus de 300 containeurs.

L’organisation a commencé à attirer l’attention sur la destination de ce cargo d’armes le 15 janvier. Autorisé par le gouvernement Bush une semaine avant le lancement par les FDI de leur attaque contre Gaza, ce bateau devait transporter 989 containeurs de « munitions et autres fournitures militaires en containeurs », depuis Sunny Point Military Ocean Terminal, en Caroline du Nord, jusqu’à Ashdod, comme le stipulait le contrat. Des appels d’offres du commandement du transport maritime militaire des États-Unis pour deux autres cargaisons de munitions américaines devant être envoyées à Ashdod en Israël depuis Astakos en Grèce, et contenant assurément des munitions au phosphore blanc, ont été approuvés le 31 décembre, pendant le conflit à Gaza, avant d’être annulés le 9 janvier. Toutefois, un porte-parole de l’armée américaine a par la suite confirmé que le Pentagone cherchait toujours d’autres moyens pour livrer ces munitions.

La section 502B de la Loi relative à l’aide à l’étranger précise qu’aucune aide en matière de sécurité ne sera apportée à un pays dont le gouvernement est engagé dans une politique qui se traduit par des violations systématiques et flagrantes des droits humains reconnus. La section 4 de la Loi relative au contrôle des exportations d’armes autorise les États-Unis à fournir des équipements et des formations militaires uniquement pour des objectifs légaux de sécurité intérieure, d’autodéfense légitime ou de participation à des opérations de maintien de la paix de l’ONU ou à toute autre opération en cohérence avec la Charte de l’ONU. Toutefois, en vertu de la Loi relative à l’administration des exportations, l’assistance en matière de sécurité peut être fournie si le président certifie l’existence de « circonstances extraordinaires » - ce qui revient à contourner la section 502B. Enfin, la Loi de Leahy interdit aux États-Unis de procurer la plupart des formes d’assistance en matière de sécurité à une unité militaire ou policière, lorsqu’il existe des « preuves crédibles » que des membres de cette unité se livrent à de flagrantes atteintes aux droits humains.

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