« Shireen Abu Akleh était une icône du journalisme qui relatait depuis des décennies la vie des Palestinien·ne·s. Si nous saluons ce nouveau pas en avant vers la justice, nous appuyons l’appel de sa famille [1] qui demande que l’enquête du FBI soit réellement indépendante et approfondie, et que l’obligation de rendre des comptes remonte jusqu’au sommet de la chaîne de commandement de l’armée israélienne. Les forces israéliennes ne peuvent pas continuer de tuer des civil·e·s palestiniens en toute impunité. » a déclaré Heba Morayef, directrice régionale pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.
« La mort de Shireen Abu Akleh n’est pas un cas isolé : elle compte parmi les 125 Palestinien·ne·s [2] tués par les autorités israéliennes en Cisjordanie depuis le début de l’année. Ces homicides, majoritairement perpétrés dans le cadre d’opérations et de raids de la police, font partie d’un système d’apartheid qui se nourrit de répression violente et de crimes de droit international. Tout gouvernement soucieux de la justice et des droits humains doit faire pression sur les autorités israéliennes pour qu’elles démantèlent ce système et agissent en vue d’amener les responsables israéliens à rendre des comptes.
« Au regard du climat d’impunité qui règne en Israël, nous demandons une nouvelle fois à tous les États, y compris aux États-Unis, d’apporter leur soutien à l’enquête de la Cour pénale internationale sur la situation en Palestine. Nous continuerons de réclamer justice pour Shireen Abu Akleh – et pour tous les Palestinien·ne·s illégalement tués par les forces israéliennes – aussi longtemps qu’il le faudra. »
Complément d’information
Les autorités israéliennes n’ont pas ouvert d’enquête pénale sur l’homicide de Shireen Abu Akleh et personne n’a été inculpé. Peu après sa mort, l’armée israélienne a ouvert une « enquête opérationnelle » interne, qui a conclu en septembre [3] qu’il n’était « pas possible de déterminer sans équivoque la source des tirs qui [l’]ont touchée ». La déclaration de l’armée indiquait que s’il y avait une « forte possibilité » qu’elle ait été touchée « accidentellement » par des tirs israéliens, elle n’avait rien trouvé qui permette de justifier l’ouverture d’une enquête de la police militaire.
Au mois de mai, l’organisation israélienne Yesh Din [4] a publié une analyse qui révélait qu’en 2019-2020, les Palestinien·ne·s avaient seulement 2 % de chances qu’une plainte déposée débouche sur des poursuites pénales contre les soldats leur ayant porté préjudice.
Dans son rapport paru en février 2022, Israël. L’apartheid israélien envers le peuple palestinien : Un système cruel de domination et un crime contre l’humanité, Amnesty International précise que les homicides illégaux font partie d’un système qui s’apparente à l’apartheid en vertu du droit international.