ISRAËL ET TERRITOIRES OCCUPÉS : Amnesty International demande l’ouverture d’une enquête indépendante sur les

Index AI : MDE 15/054/2004
ÉFAI

Vendredi 21 mai 2004

DÉCLARATION PUBLIQUE

Amnesty International exhorte les autorités israéliennes à mener dans les
plus brefs délais une enquête exhaustive et indépendante sur l’attaque de
l’armée israélienne qui a fait huit morts, dont quatre enfants, et plusieurs
dizaines de blessés palestiniens lors d’une manifestation dans la ville de
Rafah, au sud de la Bande de Gaza, le 19 mai 2004.

Des délégués d’Amnesty International se trouvaient sur place au moment des
faits. Ils ont vu des hélicoptères de l’armée israélienne tourner au-dessus
de la zone où se déroulait la manifestation et larguer ce qui semblait être
des fusées éclairantes. Peu après, ils ont entendu plusieurs séries de
fortes explosions.

Des manifestants et des témoins affirment que les victimes ont été touchées
par des missiles provenant des hélicoptères et des chars israéliens
stationnés à proximité. Selon les responsables des forces armées
israéliennes, les chars ont bombardé un immeuble désaffecté pour dissuader
les manifestants d’avancer vers les positions israéliennes, et les
hélicoptères ont tiré un missile sur un terrain vague tout proche.

Cependant, les bombardements israéliens ont touché une zone bâtie située le
long de la principale rue qui traverse Rafah d’est en ouest, la rue de la
Mer, où défilaient les manifestants palestiniens. Une photographie aérienne
de l’armée israélienne publiée par les médias israéliens montre que
l’immeuble visé par les chars se trouvait dans une zone bâtie, dans la rue
où se déroulait la manifestation.

Les responsables israéliens ont aussi affirmé que des hommes armés se
tenaient à la tête du cortège des manifestants. Amnesty International ne
peut ni confirmer ni contester la présence de Palestiniens armés parmi les
manifestants, mais ses délégués n’ont vu aucun homme armé lorsqu’ils sont
passés devant la manifestation avant l’attaque. En outre, ils n’ont entendu
aucun tir palestinien avant ou après les tirs de missiles israéliens. Par
ailleurs, les images des équipes de télévision qui ont filmé la
manifestation avant, pendant et après l’attaque, images que les délégués
d’Amnesty International ont étudiées avec soin, ne montrent aucune personne
armée parmi les manifestants.

Sur la base des informations disponibles, Amnesty International considère
donc avec inquiétude que les méthodes et les moyens utilisés par l’armée
israélienne contre une manifestation non violente dans une zone bâtie, qui
ont fait des morts et des blessés parmi les Palestiniens, étaient abusifs et
contraires au droit international.

Il est impératif qu’une enquête exhaustive et indépendante soit menée dans
les plus brefs délais par les autorités judiciaires israéliennes, ce qui
n’est généralement pas le cas lorsque des Palestiniens sont victimes
d’homicides illégaux ou sont tués ou blessés à la suite d’un recours abusif
à la force par l’armée israélienne. Par ailleurs, la portée, les méthodes et
les conclusions de cette enquête doivent être rendues publiques et les
responsables de violations des droits humains traduits en justice.

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