Israël et territoires palestiniens occupés. Israël doit révéler la nature des armes utilisées par son armée lors de son opération contre Gaza


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International a demandé ce jeudi 22 janvier aux autorités israéliennes de dire quelles armes et quelles munitions leur armée a utilisées au cours de l’offensive lancée contre Gaza le 27 décembre, qui a duré trois semaines.


« Nous savons maintenant que des munitions au phosphore blanc ont été utilisées dans des zones urbaines denses, peuplées de civils, même si les autorités israéliennes l’ont nié,
a déclaré Donatella Rovera, qui dirige une équipe d’enquête d’Amnesty International à Gaza. Nous avons maintenant des preuves irréfutables de l’emploi de cette substance, mais les médecins qui ont soigné les premiers blessés ignoraient ce qui avait causé leurs lésions. »

D’autres victimes du conflit sont atteintes de blessures que les médecins trouvent difficiles à soigner parce qu’ils ne sont pas certains de la nature des munitions qui les ont provoquées.

« Les médecins nous disent qu’ils constatent des types de blessures nouveaux et inexpliqués chez certains Palestiniens touchés lors des attaques israéliennes,
a précisé Donatella Rovera. Chez certaines victimes de raids aériens israéliens, on a vu des membres calcinés ou sectionnés, et les médecins qui les soignent doivent savoir quelles armes ont causé ces lésions. »

Le docteur Subhi Skeik, qui dirige le service de chirurgie de l’hôpital Al Shifa, a dit aux délégués d’Amnesty International : « Nous avons eu de nombreux cas d’amputation ou de reconstruction vasculaire où une évolution positive de l’état du patient aurait dû normalement se produire. Mais, à notre surprise, beaucoup d’entre eux sont morts une heure ou deux après l’opération. C’est dramatique. »

« Il est essentiel et urgent que les autorités israéliennes divulguent toutes les informations utiles concernant les armes et les munitions qu’elles ont utilisées,
a affirmé Donatella Rovera. Il ne faut pas que d’autres êtres humains meurent parce que les médecins ne savent pas ce qui a causé les blessures de leurs patients et ignorent quelles complications peuvent survenir. Le corps médical doit recevoir toutes les informations nécessaires pour dispenser les soins susceptibles de leur sauver la vie. »

Israël ayant initialement refusé de confirmer que ses troupes avaient utilisé du phosphore blanc, les médecins n’ont pas pu recourir aux traitements appropriés. Les particules de phosphore blanc incrustées dans les tissus continuent parfois à brûler et provoquent de vives souffrances à mesure que les brûlures s’étendent en largeur et en profondeur. Elles peuvent atteindre les organes internes en causant des dommages irréparables. Cette substance peut contaminer d’autres parties du corps du patient ou même ceux qui soignent les blessures.

« Nous avons remarqué des brûlures qui ne ressemblaient à rien de ce que nous avions soigné dans le passé, a expliqué à Amnesty International un médecin de l’hôpital Al Shifa (à Gaza), spécialiste du traitement des brûlés. Au bout de quelques heures, ces brûlures devenaient plus larges, plus profondes, et répandaient une odeur répugnante, après quoi il s’en dégageait de la fumée. »

L’état des personnes brûlées par le phosphore blanc peut se détériorer rapidement. Même des personnes brûlées à 10 ou 15 % de la surface de leur corps, qui devraient normalement survivre, connaissent parfois une aggravation de leur état et meurent. Il a fallu que plusieurs médecins étrangers arrivent dans la bande de Gaza, des jours après que les médecins locaux eurent vu pour la première fois des cas de brûlures par le phosphore blanc, pour que ces derniers apprennent ce qui avait causé les blessures et la manière de les traiter.

Une jeune fille de seize ans, Samia Salman Al Manaya, dormait chez elle dans le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de la ville de Gaza, quand un obus au phosphore a frappé le premier étage de la maison, le 10 janvier, à 20 heures. Dix jours plus tard, dans son lit d’hôpital, elle a dit aux délégués d’Amnesty International qu’elle éprouvait encore une souffrance intense due à des brûlures sur son visage et ses jambes. «  C’est une douleur cuisante. J’ai l’impression qu’une flamme brûle dans mon corps. Je ne peux pas le supporter. Ils ont beau me donner des médicaments, la douleur est encore très forte. »

Les Palestiniens dont les maisons ont reçu des obus au phosphore ou des fragments enflammés de ces munitions ont jeté de l’eau sur les flammes, ignorant la nature de ces armes. Leur geste a intensifié l’incendie. Quand des médecins qui n’étaient vraisemblablement pas informés ont essayé de laver les blessures de leurs patients avec du sérum physiologique, les blessés hurlaient de douleur. En changeant les pansements, les médecins ont vu avec inquiétude que de la fumée sortait de la brûlure. Lorsqu’ils ont essayé de mener des explorations, ils ont extrait de petits morceaux de feutre qui se sont enflammés en entrant en contact avec l’air.

« Les responsables israéliens ont dit à maintes reprises que leur opération militaire visait le Hamas et non le peuple de Gaza. Aucune excuse ne peut justifier qu’ils dissimulent des informations sans lesquelles on ne peut soigner efficacement les personnes blessées du fait de l’offensive israélienne. L’attitude peu coopérative d’Israël conduit à des morts et à des souffrances inutiles, a conclu Donatella Rovera. Les autorités israéliennes, qui doivent faire en sorte que les blessés bénéficient dans les plus brefs délais de soins appropriés, doivent, pour s’acquitter de cette obligation, donner des informations complètes sur les armes et munitions qu’elles ont utilisées à Gaza et, de plus, fournir tout autre renseignement susceptible d’aider les équipes médicales. »


Complément d’information

Environ 1 300 Palestiniens ont été tués entre le 27 décembre 2008 et le cessez-le-feu déclaré par Israël le 18 janvier 2009. Plus de 400 enfants et plus de 100 femmes sont au nombre des morts. Plus de 5 300 Palestiniens ont été blessés, et nombreux sont ceux qui resteront définitivement handicapés. Au cours de la même période, 13 Israéliens ont été tués, parmi lesquels quatre soldats victimes de tirs provenant de leur propre camp. Neuf autres Israéliens, dont trois civils, ont été tués en raison d’attaques du Hamas ou d’autres groupes armés palestiniens.

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