Heba Morayef, directrice régionale d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré : « Il est scandaleux que les autorités israéliennes aient renouvelé le placement à l’isolement d’Ahmad Manasra. Le maintenir en détention dans des conditions aussi inhumaines est un acte d’injustice cruel. Il a été diagnostiqué schizophrène et est gravement déprimé.
« Ahmad Manasra n’avait que 13 ans lorsqu’il a été arrêté. La décision de le placer en détention aurait toujours dû être une mesure de dernier recours et être prise pour la durée la plus courte possible. Aujourd’hui, on dit qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même et qu’il a menacé de mettre fin à ses jours. Les autorités israéliennes doivent immédiatement revenir sur leur décision concernant le renouvellement de son placement à l’isolement et le libérer de toute urgence. »
Le 27 juillet, les Services pénitentiaires israéliens ont rejeté une demande visant à faire sortir Ahmad Manasra de l’isolement à la prison d’Eshel. Une nouvelle audience concernant ses conditions d’isolement se tiendra le 16 août devant le tribunal de district de Beersheba. Son avocat, Khaled Zabarqa, a déclaré à Amnesty International : « Il est en danger de mort, un danger réel, et les prolongations répétées de son placement à l’isolement sont en train de le détruire. »
Complément d’information
Ahmad Manasra est maintenu à l’isolement prolongé depuis novembre 2021, à l’exception d’un séjour de deux mois à l’hôpital, les autorités israéliennes ayant affirmé qu’il représentait un danger pour les autres prisonniers. Il s’agit d’une violation de l’interdiction absolue de la torture et des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Ahmad Manasra a été arrêté en octobre 2015 en lien avec l’agression au couteau de deux Israéliens à Pisgat Zeev, une colonie israélienne illégale située dans Jérusalem-Est occupée. Il a été reconnu coupable de tentative de meurtre et condamné à neuf ans et cinq mois de prison alors qu’il n’avait que 13 ans au moment de son arrestation et que le tribunal a estimé qu’il n’avait pas participé à l’attaque au couteau.
Il a également été interrogé en l’absence d’un avocat ou d’un parent et aurait subi des actes de torture ou d’autres mauvais traitements pendant l’interrogatoire. À la connaissance d’Amnesty International, aucune enquête n’a été ouverte sur la conduite des membres des forces de sécurité.
Une demande de la famille d’Ahmad Manasra réclamant sa libération anticipée a été rejetée, alors qu’il a déjà purgé les deux tiers de sa peine. En vertu de la loi israélienne, les personnes condamnées pour meurtre, viol ou violence sur mineurs peuvent bénéficier d’une commutation de peine d’un tiers. Le parquet assure qu’il n’a pas droit à une libération anticipée parce qu’il a été condamné pour des « actes terroristes », en vertu d’une loi promulguée après son arrestation.