Israël/TPO : une « Journée de la terre » à haut risque

À la veille des manifestations prévues le 30 mars à l’occasion de la Journée de la terre dans les territoires palestiniens, et compte tenu des informations selon lesquelles les forces israéliennes ont averti qu’elles ouvriraient le feu sur toute personne qui forcerait depuis Gaza le mur/barrière avec Israël, Amnesty International engage les autorités israéliennes à maîtriser leurs forces de sécurité, qui ont fréquemment recouru à une force excessive lors de manifestations et d’affrontements récents.

Le 30 mars 1976, les citoyens palestiniens d’Israël ont manifesté contre l’expropriation par le gouvernement israélien de 2 000 hectares de terres autour de villages palestiniens en Galilée. Six Palestiniens ont été tués et plus de 100 blessés par les forces israéliennes qui ont dispersé les rassemblements. Depuis, chaque année, le 30 mars, les communautés palestiniennes en Israël et dans les territoires palestiniens occupés (TPO) se réunissent pour commémorer ces événements, dénoncer la confiscation par Israël de terres palestiniennes et réaffirmer leur lien avec la terre.

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« Les autorités ne doivent pas recourir à la force meurtrière contre les manifestants. Les inquiétudes sont vives, car l’armée israélienne aurait menacé d’ouvrir le feu sur toute personne qui sera vue en train de franchir le mur/barrière. Aux termes du droit international, les armes à feu ne peuvent être utilisées que pour protéger contre une menace imminente de mort ou de blessure grave », a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« En tant que puissance occupante, Israël est tenue de respecter les droits des Palestiniens de manifester pacifiquement et de s’exprimer librement. Lors d’opérations de maintien de l’ordre, l’armée ne peut recourir à la force que pour réaliser un objectif légitime, par exemple contrer la violence, et lorsque d’autres moyens s’avèrent inefficaces. Son usage doit être limité au minimum nécessaire. En aucun cas la force meurtrière ne doit être utilisée contre des manifestants pacifiques.  »

Selon les médias israéliens, plusieurs groupes à Gaza ont organisé une série de manifestations et de marches dans l’intention de défier les autorités israéliennes et de susciter une attention médiatique. Jusqu’à 100 000 manifestants seraient attendus à la frontière de Gaza.

L’armée israélienne a annoncé le déploiement de 100 snipers à la frontière et de hauts responsables militaires ont menacé d’utiliser la force meurtrière face aux manifestations. L’action des Palestiniens devrait durer jusqu’au 15 mai, date où ils commémorent la Nakba, ou « grande catastrophe ». Cette journée marque l’expulsion de milliers de Palestiniens en 1948 lors de la création d’Israël.

L’armée israélienne a déjà recouru illégalement par le passé à la force meurtrière contre des manifestants palestiniens. En outre, l’impunité pour les homicides et les blessures commis dans l’illégalité sont la norme. Le 15 décembre 2017, Ibrahim Abu Thuraya, 29 ans, a reçu une balle dans la tête tirée par un sniper. D’après des témoins, cet homme cloué sur un fauteuil roulant après avoir été amputé des deux jambes en 2008 agitait un drapeau palestinien et scandait des slogans. Il était en possession d’un lance-pierres, mais ne l’avait pas utilisé. D’après les médias, les investigations de l’armée israélienne ont conclu qu’il n’y avait pas de « fautes morales ni professionnelles » dans cette affaire.

« Les autorités doivent ordonner aux forces israéliennes de respecter strictement les Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois, ainsi que les droits des Palestiniens à la liberté de réunion pacifique et d’expression », a déclaré Philip Luther.

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