Israël : quand manifester pacifiquement est impossible

Dix-sept Palestiniens sont morts et des centaines ont été blessés lors des rassemblements qui ont débuté le 30 mars dans la bande de Gaza. Amnesty International demande aux autorités israéliennes de mettre immédiatement fin à la répression sévère et souvent meurtrière des manifestations palestiniennes, et d’ouvrir une enquête indépendante et efficace sur les informations selon lesquelles les soldats israéliens ont utilisé des armes à feu de manière illégale contre des manifestants non armés. Israël doit respecter le droit à la vie et le droit de manifester pacifiquement, alors que les craintes sont vives que la répression contre les manifestants prônant le droit au retour des réfugiés palestiniens ne se poursuive.

« Les autorités israéliennes doivent cesser de recourir à toute force meurtrière et excessive contre les manifestants palestiniens. Au moins 17 personnes sont mortes et des centaines ont été blessées depuis le début des manifestations et rien n’indique que les autorités prévoient de changer de cap et de respecter leurs obligations juridiques internationales. Il est très inquiétant que des balles réelles aient été tirées sur des manifestants non armés, et il convient d’enquêter sur ces décès, susceptibles de constituer des homicides illégaux. Au titre du droit international relatif aux droits humains, la force meurtrière peut être utilisée uniquement pour défendre la vie, en cas de risque imminent  », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les autorités israéliennes sont tenues de respecter le droit de manifester pacifiquement et, en cas de violences, de n’utiliser que la force minimum nécessaire pour y faire face. Après avoir ignoré les droits fondamentaux des réfugiés palestiniens pendant 70 ans, Israël doit au moins entendre leurs revendications et permettre le déroulement de manifestations et de rassemblements pacifiques. »

Sur les vidéos postées sur les réseaux sociaux, des manifestants palestiniens non armés se font semble-t-il tirer dessus par des soldats israéliens, alors qu’ils agitent le drapeau palestinien ou s’éloignent de la barrière en courant.

Le 29 mars, les forces israéliennes ont annoncé le déploiement de 100 tireurs d’élite à la frontière, ainsi que le renforcement de la sécurité, avec le déploiement de tanks et de drones. L’armée israélienne a déclaré qu’elle avait « mis en place une zone militaire fermée » dans les secteurs proches de la barrière qui sépare Gaza d’Israël, et le ministre israélien de la Défense a averti que ceux qui s’en approcheraient « mettraient leurs vies en danger ».

Depuis vendredi 30 mars, au moins 17 Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens et environ 1 400 ont été blessés, selon le ministère palestinien de la Santé. Parmi les blessés, environ 750 ont été touchés par des balles réelles et 20 seraient dans un état critique. D’autres ont été blessés par des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes. D’après les forces israéliennes, les personnes tuées étaient les « principaux meneurs » ou tentaient de franchir la barrière entre Gaza et Israël. Selon certaines informations, les manifestants palestiniens ont jeté des pierres, des cocktails Molotov et brûlé des pneus.

«  Si certains manifestants palestiniens ont lancé des pierres et d’autres objets vers la clôture, il est difficile de croire que cela ait pu constituer un danger imminent pour la vie de soldats bien équipés, protégés par des snipers, des tanks et des drones. Lors d’opérations de maintien de l’ordre, l’armée ne peut recourir à la force que pour réaliser un objectif légitime et seulement lorsque d’autres moyens s’avèrent inefficaces.  »

Les manifestations, connues sous le nom de « Grande marche du retour », ont débuté le 30 mars pour coïncider avec la Journée de la terre des Palestiniens [1]. Ils réclament le droit au retour pour des millions de réfugiés palestiniens dans les villages et villes d’un territoire qui est désormais celui d’Israël. L’action des Palestiniens devrait durer jusqu’au 15 mai, date où ils commémorent la Nakba, ou « grande catastrophe ». Cette journée marque l’expulsion et la dépossession de centaines de milliers de Palestiniens en 1948-49 lors du conflit qui a fait suite à la création de l’État d’Israël.

«  Les autorités israéliennes doivent ouvrir une enquête efficace et indépendante sur tous les actes qui semblent impliquer l’usage d’une force inutile ou excessive, et déférer à la justice tous les responsables présumés. C’est d’autant plus crucial que l’usage de la force meurtrière s’est traduit par des blessés graves et des morts. Si elles ne rendent pas justice, elles perpétueront des années d’impunité  », a déclaré Magdalena Mughrabi.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré le 31 mars 2018 journée de deuil national et les Palestiniens ont observé une grève générale en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.

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