Lors de la première attaque mardi soir, au moins 450 Palestinien·ne·s ont été arrêtés, dont environ 50 sont toujours en détention. À leur sortie du centre de détention d’Atarot mercredi, la plupart de ceux qui ont été libérés étaient pieds nus et portaient des marques de coups et de contusions. Un avocat présent sur les lieux a déclaré que de nombreux détenu·e·s, dont des mineur·e·s, ont été interrogés et frappés pendant leur détention. Le Croissant-Rouge palestinien a également indiqué à Amnesty International que, lors de l’attaque de mardi soir, les forces israéliennes avaient empêché les secouristes de se rendre auprès des blessés à l’intérieur de l’enceinte de la mosquée en tirant des balles en caoutchouc sur les ambulances.
« Ces attaques orchestrées témoignent de la détermination des autorités israéliennes à maintenir leur système d’apartheid. Les images choquantes de ces deux derniers jours montrent les forces de sécurité israéliennes en train de frapper des hommes, des femmes et des enfants et de les traîner hors de la mosquée où ils s’étaient rassemblés pour passer la nuit à prier et se recueillir en paix. Une fois de plus, les forces de sécurité israéliennes montrent au monde le vrai visage de l’apartheid, a déclaré Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Elles ont soumis les fidèles palestiniens à deux nuits consécutives de violences et transformé en scène de crime l’un des sites les plus sacrés de l’islam. Nous demandons instamment à la communauté internationale de prendre des mesures immédiates afin de protéger les Palestinien·ne·s de la répression et d’amener les autorités israéliennes à rendre des comptes pour les crimes relevant du droit international. L’impunité pour ces attaques contre des fidèles en prière ne fera que favoriser de nouvelles violences. »
De nombreux Palestinien·ne·s étant effrayés à la suite des événements de mardi soir, le nombre de fidèles était beaucoup plus faible à Al Aqsa le mercredi. Une fois de plus, les forces de sécurité israéliennes ont d’abord ordonné aux fidèles de quitter les lieux, avant de faire irruption dans la mosquée, de tirer des grenades assourdissantes et d’asséner des coups. Une cinquantaine de Palestinien·ne·s sont toujours détenus après le premier raid de mardi/mercredi. Ceux qui ont été relâchés n’ont pas le droit d’entrer dans la vieille ville de Jérusalem, y compris dans Al Aqsa, pendant une semaine.
Amnesty International s’est entretenue avec plusieurs Palestinien·ne·s au sujet des violences que leur ont infligé les forces de sécurité israéliennes. D’après Shadi*, 17 ans, la police israélienne l’a frappé en le traînant hors de la mosquée mercredi matin :
« J’ai essayé à deux reprises de relever la tête et à chaque fois [la police] m’a frappé à la tête à coups de crosse [...] Vous n’avez pas le droit de lever la tête. Tout mon corps était endolori à cause des coups et des ecchymoses ».
Il a été libéré plus tard dans la journée de mercredi et a reçu un arrêté d’expulsion lui interdisant de se rendre dans la vieille ville et à Al Aqsa pendant une semaine. Shadi a déclaré :
« À l’extérieur d’Atarot, j’ai vu d’autres personnes […] Ce que j’ai subi n’est pas comparable aux coups endurés par d’autres. »
Selon le Croissant-Rouge palestinien, certains membres de son personnel médical ont également été attaqués au cours de l’offensive de mardi soir, et des balles en caoutchouc ont été tirées sur l’une de ses ambulances. Selon Muhammed Fityani, de l’organisation :
« Notre personnel n’a pas été autorisé à entrer dans la cour de la mosquée et notre travail a été entravé […] L’un de nos secouristes a été directement agressé et frappé, et deux de nos ambulances ont été prises pour cible, dont l’une [par des tirs] de balles en caoutchouc. »
Les forces israéliennes font régulièrement des descentes à Al Aqsa pendant le mois du ramadan. En 2021, une attaque avait fait au moins 170 blessés parmi les Palestinien·ne·s et suscité un tollé général. À la suite de la première incursion mardi, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes et localités palestiniennes en Israël. Les forces israéliennes ont mené des frappes aériennes sur la bande de Gaza mercredi et jeudi, en riposte aux missiles tirés sur Israël.