Israël/TPO, le prisonnier d’opinion Mohammed al Halabi doit être libéré

Photo de Mohammed al Halabi

Amnesty International demande la libération immédiate et inconditionnelle de Mohammed al Halabi, prisonnier d’opinion palestinien qui purge une peine de 12 ans d’emprisonnement en Israël. Mohammed al Halabi, un travailleur humanitaire gazaoui ayant passé six années en détention provisoire, a été déclaré coupable de détournement de fonds au profit du Hamas (Mouvement de la résistance islamique) à l’issue d’une procédure manifestement entachée d’irrégularités.

Son procès en appel devait s’ouvrir le 17 mai 2023 devant la Haute cour d’appel d’Israël. Or, son avocat a été contraint de demander un report de cette audience, car les autorités israéliennes ont refusé de communiquer en amont de cette audience des informations importantes, notamment le résumé des preuves et arguments, ce qui a de fait éliminé toute possibilité de procès équitable.

« Il s’agit de la dernière épreuve en date qui marque ce cauchemar kafkaïen dans lequel les autorités israéliennes plongent depuis sept ans Mohammed al Halabi et sa famille. Le refus de la part des autorités israéliennes de communiquer des documents d’une importance cruciale en vue du procès découle de la volonté délibérée d’empêcher que justice soit rendue et de prolonger le calvaire que vit Mohammed al Halabi, a déclaré Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Sept années se sont écoulées depuis l’arrestation de Mohammed al Halabi, et les autorités israéliennes n’ont toujours pas présenté d’élément de preuve crédible pouvant justifier l’incarcération de cet homme. Il a été pris pour cible en raison de ses activités humanitaires, dans le cadre des mesures persistantes prises par Israël pour réprimer la société civile palestinienne et les organisations humanitaires indépendantes qui travaillent dans la bande de Gaza occupée. Mohammed al Halabi étant un prisonnier d’opinion, les autorités doivent en conséquence le libérer immédiatement et sans condition, et sa déclaration de culpabilité doit être annulée. »

L’Agence israélienne de sécurité (le Shabak) a utilisé la récente « montée de l’insécurité » à Gaza comme prétexte pour ne pas communiquer à l’avocat de cet homme les informations nécessaires, alors même que le procès en appel était programmé depuis plusieurs mois.

De multiples violations

Mohammed al Halabi a été le directeur du bureau de l’organisation caritative américaine World Vision à Gaza, jusqu’à son arrestation en 2016. Il a consacré sa vie à l’aide aux enfants et aux personnes handicapées, qui comptent parmi les personnes qui souffrent le plus du blocus illégal imposé par Israël et des offensives militaires récurrentes contre la bande de Gaza.

Après six années de détention, Mohammed al Halabi a été déclaré coupable le 15 juin 2022, à l’issue d’un procès gravement entaché d’irrégularités, d’avoir détourné plusieurs millions de dollars au profit de l’administration du Hamas, qu’Israël considère comme une organisation terroriste. Le 30 août 2022, il a été condamné à 12 ans d’emprisonnement, ce qui signifiait qu’il devait passer six années supplémentaires derrière les barreaux.

L’enquête indépendante commandée par World Vision, et celle commandée par le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce, qui donne de l’argent pour les programmes de World Vision, ont conclu qu’il n’existait aucun élément laissant penser que Mohammed al Halabi aurait détourné des fonds.

Mohammed al Halabi a été jugé lors d’audiences secrètes, pendant lesquelles le tribunal de district de Beersheba a totalement négligé les preuves abondantes qui le disculpaient. Sa condamnation s’est dans une large mesure appuyée sur le témoignage d’un détenu informateur – qui avait par le passé était déclaré coupable de parjure – et sur de soi-disant « preuves secrètes » dont ni Mohammed al Halabi ni son avocat n’ont été autorisés à prendre connaissance.

Les autorités israéliennes n’ont pas mené d’enquête à la suite de la plainte déposée par Mohammed al Halabi en 2018 pour des actes de torture et d’autres mauvais traitements qu’il dit avoir subis pendant ses interrogatoires par le Shabak.

Mohammed al Halabi a fait preuve d’intégrité et de résilience en refusant d’obtenir une commutation de peine en échange de l’« aveu » de faits allégués qu’il niait fermement.

« La nouvelle prolongation de l’épreuve que subit Mohammed al Halabi est indiscutablement cruelle et injuste, en particulier à la suite de la nouvelle attaque israélienne contre Gaza, où vivent sa femme Ola et leurs cinq enfants. Imaginez ce que cela représente d’être incarcéré pour un crime que l’on n’a pas commis, tout en sachant que des bombes sont en train de tomber là où vit votre famille qui est terrifiée : telle est la réalité de l’apartheid imposé par Israël », a déclaré Heba Morayef.

« Les diverses violations des droits humains subies par Mohammed al Halabi montrent une fois de plus que le système judiciaire israélien contribue à maintenir l’apartheid mis en place contre les Palestinien·ne·s. »

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