ISRAËL – TERRITOIRES OCCUPÉS : Les Palestiniens font de nouveau l’objet de châtiments collectifs

Index AI : MDE 15/100/02

En occupant de nouveau des villages et des villes de Cisjordanie, Israël prend des mesures de sécurité généralisées (couvre-feux prolongés, destructions de maison, placements en détention administrative) dont les conséquences pèsent sur la population palestinienne et qui peuvent être assimilées à des châtiments collectifs, a déclaré aujourd’hui Amnesty International.

« Les exactions commises par les groupes armés, aussi atroces soient-elles, ne peuvent en aucun cas justifier les châtiments infligés sans discernement par Israël », a souligné l’organisation de défense des droits humains. Toutes les localités importantes de Cisjordanie sont aujourd’hui réoccupées et soumises au couvre-feu, parfois vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce qui empêche une population de 500 000 personnes de mener une vie normale.

« Les couvre-feux forcent les Palestiniens à subir pendant de longues périodes des conditions qui équivalent pratiquement à une assignation à domicile », a affirmé Amnesty International.

En outre, le droit à la liberté de mouvement est restreint par les bouclages, qui consistent à interdire toute circulation entre les villes et les villages au moyen de barrages militaires. Un nouveau règlement impose à tout Palestinien qui se déplace d’une localité de Cisjordanie à une autre d’obtenir un permis auprès de l’autorité civile israélienne.

« Les conséquences économiques, sociales et psychologiques des bouclages sont désastreuses. Les Palestiniens ne peuvent pas aller travailler, les marchandises ne peuvent pas être transportées, les produits agricoles ne peuvent être ni récoltés ni vendus. La vie culturelle et sociale est extrêmement limitée, et les enfants se voient empêchés de fréquenter l’école pendant des semaines », a déclaré l’organisation.

Réagissant à une vague d’attentats-suicides organisés par des groupes armés palestiniens, qui ont causé la mort de dizaines de civils israéliens, les autorités israéliennes ont entrepris de construire dans les territoires occupés une clôture de protection fortement sécurisée. Certaines agglomérations palestiniennes se sont retrouvées du côté israélien de cette barrière, ce qui revient à les isoler de la Cisjordanie.

En démolissant les maisons des proches d’auteurs d’attentats-suicides ou de Palestiniens recherchés, les autorités israéliennes infligent aux familles un châtiment collectif. La destruction de maisons est prohibée par la Quatrième Convention de Genève, sauf en cas de nécessité militaire absolue.

Les mesures de sécurité prises par Israël sont donc contraires à la Quatrième Convention de Genève, mais elles violent également les obligations imposées à ce pays par les normes internationales en matière de droits humains. Lors de la nouvelle occupation, des centaines de Palestiniens ont été raflés et arrêtés de façon arbitraire. Ces personnes sont souvent placées en détention sans inculpation ni jugement et soumises à des conditions dégradantes.

Les couvre-feux et les destructions de maisons ont également entraîné des violations du droit à la vie. Le 21 juin, un Palestinien de soixante ans et deux enfants âgés de onze et six ans ont été tués à Jénine par un obus tiré depuis un char. Après l’annonce de la levée du couvre-feu, ils étaient sortis pour faire des courses. Les Forces de défense israéliennes ont reconnu que le bombardement de la place du marché était une erreur. Mais il n’est pas certain que quiconque soit amené à répondre des morts provoquées de ce fait. Le même jour, un enfant de douze ans a été écrasé sous les ruines d’une maison de Jénine détruite par l’armée israélienne ; il y a laissé la vie.

Israël semble avoir repris sa politique d’« homicides ciblés », qui vise des personnes soupçonnées d’appartenir à des groupes armés palestiniens. Le 24 juin, à Rafah, la voiture d’un militant présumé du Hamas a été la cible d’un missile qui a tué six personnes, y compris le conducteur d’un véhicule qui passait à ce moment-là et le militant présumé.

« La poursuite des homicides illégaux de Palestiniens est encouragée par l’impunité de fait dont bénéficient les soldats israéliens qui tuent des Palestiniens, a souligné Amnesty International.

« L’obtention d’une sécurité durable ne peut être le fruit d’une aggravation de la répression, ni de la construction de murs et de barrières. La sécurité réelle ne peut exister que si les droits humains de tous sont garantis. »

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