JAPON - Il est grand temps de prendre des initiatives en matière de droits humains

Index AI : ASA 22/008/2005

Tokyo - En tant que grande puissance économique et politique, le Japon doit faire davantage en vue de promouvoir les droits humains, tant sur son sol qu’à l’étranger. Son action à l’égard des libertés fondamentales doit cesser d’être prudente hors de ses frontières et frileuse sur son territoire, a déclaré la secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan, au terme d’une mission de cinq jours à Tokyo.

« Le Japon doit commencer par balayer devant sa porte. »

Tout en saluant la loi récemment adoptée afin d’améliorer le traitement réservé aux prisonniers, Amnesty International a rappelé que le Japon devait de toute urgence remédier à des déficiences majeures.

« La détention au secret est monnaie courante, en vertu du système de détention provisoire appelé daiyo kangoku. Les interrogatoires non supervisés sont inacceptables, tout comme les " aveux " extorqués.

« Le daiyo kangoku fait tort au bilan du Japon en matière de droits humains et il faut l’abolir immédiatement », a souligné Irene Khan, avant d’ajouter :

« Le nombre de personnes condamnées à mort au Japon l’an dernier a atteint un pic inégalé depuis vingt-cinq ans, ce qui va à contre-courant de la tendance internationale en faveur de l’abolition de ce châtiment.

« Le Japon est l’un des deux pays du G8 qui continuent à procéder à des exécutions. »

Amnesty International a invité le gouvernement japonais à instaurer sans délai un moratoire sur la peine capitale et à lancer un débat public sur son abolition.

« En raison notamment du caractère généralisé des condamnations fondées sur les " aveux " et du recours au daiyo kangoku, le risque d’erreur judiciaire est extrêmement élevé. La peine de mort doit disparaître. »

Par ailleurs, Amnesty International a dénoncé la détention prolongée et systématique des demandeurs d’asile, incarcérés en moyenne plus de treize mois. Au cours de cette période, nombre d’entre eux ne sont pas autorisés à recevoir des soins médicaux.

« Le gouvernement japonais doit immédiatement mettre au point une procédure officielle afin d’examiner le cas de tous ceux qui sont détenus. Le placement en détention doit rester une mesure exceptionnelle », a souligné Irene Khan.

Observant les lacunes de la procédure de détermination du statut de réfugié, l’organisation de défense des droits humains a exhorté le gouvernement à garantir un système équitable et transparent - conformément aux obligations qui incombent au Japon en vertu de la Convention de 1951.

Reconnaissant la nécessité d’une formation plus poussée, le gouvernement japonais a d’ailleurs sollicité l’aide d’Amnesty International.

D’autre part, le Japon a fait l’objet de diverses critiques quant à la manière peu satisfaisante dont il fait face au problème de la traite des êtres humains. Constatant les initiatives prises par le gouvernement en vue d’y remédier, Amnesty International a fait valoir qu’il restait beaucoup à faire afin de protéger les victimes, majoritairement des femmes et des jeunes filles.

« Les droits humains ne s’arrêtent pas aux frontières du Japon. Étant donné les graves problèmes auxquels se heurte cette région du monde - de la Corée du Nord à l’Indonésie, en passant par l’Afghanistan et le Myanmar - le gouvernement doit avoir l’audace d’insuffler des questions relatives aux libertés fondamentales à sa politique étrangère. Il doit définir clairement son engagement envers la justice internationale, le contrôle des armes et la réforme des organes des Nations unies en charge des droits humains », a poursuivi Irene Khan.

Amnesty International a demandé au Japon de soutenir, lors du prochain Sommet du G8, la proposition visant à instaurer un Traité sur le commerce des armes.

En outre, elle l’a invité à adhérer au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).

« Bien qu’il soutienne la CPI, le Japon traîne les pieds en ce qui concerne son adhésion. Une adhésion rapide permettrait pourtant d’adresser un message clair et sans équivoque confirmant l’attachement du Japon à la justice internationale », a déclaré Irene Khan.

Les initiatives visant à réformer les Nations unies offrent au Japon l’occasion de montrer la voie à suivre, non seulement en ce qui concerne l’élargissement du Conseil de sécurité, mais aussi la création d’un Conseil des droits humains plus crédible et investi d’une plus grande autorité.

« L’ambition du Japon de devenir membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies doit s’appuyer sur une détermination tout aussi marquée de s’acquitter de ses obligations en matière de droits humains, a conclu Irene Khan.

« Il est temps désormais de prendre des initiatives. »

Complément d’information

Au cours de sa mission de cinq jours au Japon, Irene Khan a rencontré le secrétaire général du gouvernement, Hiroyuki Hosoda, la ministre de la Justice, Chieko Nono, de hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, la présidente de l’Agence de coopération internationale japonaise, Sadako Ogata, des membres de la Diète (Parlement), la Fédération des Barreaux japonais, des dirigeants d’entreprises, des ONG locales, des diplomates et des universitaires.

Pour obtenir de plus amples informations, veuillez contacter le Service Presse d’Amnesty International au 02 543 79 04 ou consulter les sites http://www.amnesty.be et http://www.amnesty.org.

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