Les autorités d’Oman ont procédé à l’arrestation de plusieurs journalistes ces dernières semaines, signe d’une répression qui se durcit contre la liberté d’expression dans le pays, a déclaré Amnesty International.
Trois journalistes du quotidien Azamn ont été arrêtés en lien avec un article publié le 26 juillet relatant des allégations de corruption au sein de la magistrature d’Oman. La dernière arrestation, celle du rédacteur en chef adjoint Youssef al Haj, s’est déroulée le 9 août. Peu après, le ministère de l’Information a ordonné la fermeture du journal et de son site en ligne.
« Les journalistes d’Azamn sont semble-t-il sanctionnés pour avoir fait leur travail légitime de journaliste. Critiquer le système judiciaire ou faire état d’allégations de corruption présumée n’est pas un crime. S’ils sont détenus uniquement en lien avec leur travail de journaliste, ils doivent être libérés immédiatement, a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
« Ces arrestations témoignent d’une escalade inquiétante de la répression visant la liberté d’expression. Le message adressé aux journalistes d’Oman est clair : critiquer les autorités judiciaires n’est pas autorisé. »
On ignore si les journalistes arrêtés ont été inculpés et quelle est la nature des charges auxquelles ils sont exposés.
L’article en question, publié par Azamn dans son édition du 26 juillet, accusait le président de la Cour suprême d’Oman et le président du Conseil judiciaire d’ingérence dans des procédures judiciaires au profit de personnalités influentes.
Deux jours plus tard, le rédacteur en chef du journal, Ibrahim al Maamari, était convoqué pour interrogatoire et placé en détention. Le ministère omanais de l’Information a averti que le journal pourrait être fermé s’il continuait de rendre compte d’allégations de corruption.
La semaine suivante, le 3 août, le journaliste d’Azamn Zaher al Abri a été arrêté. Depuis, Youssef al Haj, rédacteur en chef adjoint, a publié une série d’articles s’appuyant sur les interviews exclusives du vice-président de la Cour suprême d’Oman, Ali al Nomani, qui confirmait les allégations de corruption formulées dans l’article initial. Le dernier de la série a été publié le 9 août et Youssef al Haj a été arrêté ce jour-là, à midi. Son frère a par la suite confirmé avoir reçu un appel de Youssef al Haj, l’informant qu’il était détenu au siège de la Section spéciale de la police à Mascate (al Qism al Khas) et serait transféré dans un hôpital de la police en raison de problèmes de santé.
L’agence de presse officielle d’Oman a publié une déclaration, citant une source gouvernementale dont le nom n’a pas été divulgué, qui qualifiait les articles sur la corruption de « violation flagrante des limites et de l’éthique de la liberté d’expression » et affirmait que les articles portaient préjudice à l’une des principales institutions du pays.
« Si les autorités d’Oman souhaitent montrer qu’elles saisissent le sens élémentaire de la liberté d’expression, au lieu de placer certains journalistes en détention illégale, elles devraient veiller à ce que tous puissent faire leur travail légitime librement, sans craindre de représailles ni de harcèlement », a déclaré Magdalena Mughrabi.
Lors de précédents événements similaires, le rédacteur en chef du magazine en ligne al Falaq, al Mutasam al Bahlani, a été arrêté le 25 juillet en raison de tweets postés au sujet du Jour de la renaissance à Oman. Il a été libéré deux jours plus tard, le 27 juillet.