Journée internationale des disparus : 300 cas de personnes victimes de disparition forcée

Le gouvernement kenyan doit mettre sur pied une commission judiciaire chargée d’enquêter sur toutes les personnes soupçonnées d’être pénalement responsables pour les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées et de les traduire en justice, ont déclaré 13 organisations kenyanes et internationales de défense des droits humains le 30 août, à l’occasion de la Journée internationale des disparus.

Ces organisations ont recensé plus de 300 cas de personnes qui ont disparu alors qu’elles se trouvaient entre les mains d’organismes de sécurité depuis 2009, dont certaines ont par la suite été retrouvées mortes.

« Les disparitions forcées sont devenues une pratique généralisée qui assombrit la structure de l’application des lois au Kenya. Le seul moyen d’y remédier durablement est d’amener les responsables présumés à rendre des comptes dans le cadre de procès équitables, a déclaré Peter Kiama, directeur exécutif de l’Independent Medico-Legal Unit (Unité médicolégale indépendante, IMLU).

«  Toutefois, mener des procès équitables suppose de diligenter des investigations rapides, efficaces et impartiales sur les très nombreux cas de disparitions et d’exécutions. »

Pour le seul mois d’août, la Haute Cour de Nairobi a conclu qu’un avocat défenseur des droits humains et deux autres hommes avaient été victimes de disparitions forcées, avant d’être exécutés par la police. Les cadavres de Willie Kimani, qui travaillait pour l’International Justice Mission, de son client Josphat Mwendwa et de leur chauffeur de taxi Joseph Muiruri, ont été repêchés dans une rivière au mois de juillet, à 73 kilomètres au nord-ouest de Nairobi.

De nombreuses disparitions forcées ont eu lieu dans le cadre des opérations menées contre des membres ou sympathisants présumés d’Al Shabab, groupe islamiste basé en Somalie.

« S’il ne fait aucun doute que le Kenya est confronté avec Al Shabab à une menace réelle pour sa sécurité, il ne doit pas recourir à des réponses illégales qui constituent des crimes de droit international et bafouent les droits fondamentaux, a déclaré Kamau Ngugi, coordinateur national de la Coalition nationale des défenseurs des droits humains du Kenya.

« Il doit insister sur le strict respect des droits humains et de la procédure légale en toutes circonstances, notamment lors de ses opérations de sécurité. Il faut commencer par garantir l’obligation de rendre des comptes pour tous les policiers et leurs supérieurs qui étaient ou auraient dû être au courant des disparitions forcées et des homicides, et n’ont pas pris toutes les mesures nécessaires afin de les prévenir ou de les réprimer. »

Le Kenya a signé la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, mais ne l’a pas encore ratifiée.

« La disparition forcée est un crime au regard du droit international. Le Kenya doit prendre des mesures concrètes afin de ratifier la Convention, sans aucune réserve, en vue d’en finir avec l’impunité pour cette violation des droits humains », a déclaré Justus Nyang’aya, directeur d’Amnesty International Kenya.

Les organisations de défense des droits humains organisent un événement public au grand auditorium de l’Université de Strathmore, à Nairobi, le 30 août à 16h30, pour rendre hommage aux victimes de disparitions forcées et réclamer pour elles justice, vérité et réparations.

Signataires :

Commission nationale kenyane des droits humains (KNCHR)

Commission kenyane des droits humains (KHRC)

Coalition nationale des défenseurs des droits humains – Kenya

Protection internationale

Amnesty International Kenya

Unité médicolégale indépendante (IMLU)

Constitution & Reform Education Consortium (CRE-CO)

Les Kényans pour la paix avec la vérité et la justice

Centre africain pour une gouvernance ouverte

International Justice Mission

Commission internationale de juristes – Kenya

Legal Resources Foundation Trust

Usalama Reforms Forum

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