Kenya. Amnesty International inquiète des morts imputables à la police lors des manifestations qui ont suivi les élections


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Bulletin : 11/246/2007

(Nairobi) Amnesty International s’inquiète des informations faisant état de la mort de dizaines de personnes dans différentes régions du Kenya, beaucoup tuées par balle par la police au cours de manifestations organisées pour protester contre les fraudes qui se seraient produites lors du scrutin du 27 décembre. Les émeutes ont éclaté peu après l’annonce officielle, le 30 décembre, de la victoire à une courte majorité du président sortant Mwai Kibaki face au candidat de l’opposition Raila Odinga.

Selon les premières informations qui nous sont parvenues et selon des témoins oculaires, les policiers ont ouvert le feu sur les manifestants, tuant des dizaines de personnes et en blessant de nombreuses autres. Certains des manifestants auraient jeté des pierres, d’autres auraient été armés de machettes, des barrages routiers auraient été érigés et des biens endommagés.

« Amnesty International appelle le gouvernement kenyan à ouvrir une enquête indépendante et impartiale sur la mort de nombreuses personnes dans des fiefs de l’opposition tels que la ville de Kisumu dans l’ouest du Kenya, le bidonville de Kibera à Nairobi, Mombasa et d’autres endroits encore lors des violences post-électorales, a déclaré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International. Les responsables présumés d’atteintes aux droits humains doivent être traduits en justice dans un délai raisonnable. »

« Le gouvernement doit veiller à ce que ses forces de sécurité respectent les normes internationales relatives à l’usage de la force meurtrière contre des manifestants. » Selon le Code de conduite pour les responsables de l’application des lois et les Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois, deux documents des Nations unies, la police ne peut recourir à la force qu’en cas de nécessité absolue et seulement dans les limites du minimum nécessaire au vu des circonstances. La force meurtrière ne doit être employée que lorsque son usage est absolument inévitable pour protéger des vies humaines.

« Amnesty International demande instamment au gouvernement de respecter et protéger les droits fondamentaux des personnes après cette élection présidentielle contestée
, a déclaré Erwin van der Borght. Cela signifie notamment protéger la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique, garanties par la Constitution du Kenya et les traités internationaux relatifs aux droits humains auxquels le Kenya est État partie. »

Amnesty International appelle également les autorités et les partis politiques kenyans à prendre des mesures pour empêcher de nouvelles violences et faire en sorte que les droits fondamentaux des personnes soient effectivement respectés et protégés.


Complément d’information

Le 27 décembre se sont tenues au Kenya des élections présidentielle et législatives. Le 30 décembre, la Commission électorale officielle kenyane a annoncé la victoire du président sortant Mwai Kibaki sur le candidat de l’opposition Raila Odinga au scrutin présidentiel. Le Mouvement démocratique orange (ODM, Orange Democratic Movement) de Raila Odinga a obtenu une large majorité aux législatives, devançant le Parti de l’unité nationale (PNU, Party of National Unity) de Mwai Kibaki et d’autres formations.

Mwai Kibaki a rapidement prêté serment après l’annonce de sa victoire officielle le 30 décembre. Des observateurs ont mis en doute la crédibilité des opérations de dépouillement et le décompte des voix pour le scrutin présidentiel. Comme la tension politique augmentait, le gouvernement a interdit la diffusion en direct des résultats de l’élection par les médias kenyans. Le Conseil des médias du Kenya, un organisme indépendant, a critiqué l’interdiction, estimant qu’il s’agissait d’une violation de la liberté des médias. Le gouvernement a interdit une manifestation de l’ODM prévue à Nairobi le 31 décembre ; celle-ci a été repoussée à une date ultérieure par le Mouvement démocratique orange.

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