Communiqué de presse

Kenya. Le blocage de la réforme de la police représente un risque pour les élections

Les violences qui avaient suivi les élections de 2007 au Kenya et fait 1 300 victimes, rappellent à quel point il est vital que la police kényane soit dûment préparée à l’approche du scrutin du mois de mars, écrit Amnesty International dans un nouveau rapport intitulé Police Reform in Kenya : “A Drop in the Ocean”.

Ce rapport met le doigt sur le fait qu’en raison de retards dans l’application des nouvelles lois relatives au maintien de l’ordre, bien des services de police en place durant les violences post-électorales de 2007 et 2008 seront en charge de la sécurité lors du vote du 4 mars.

« Il ne reste que cinq semaines avant les élections au Kenya ; les autorités doivent affirmer leur volonté politique et prendre de toute urgence des mesures afin de prévenir les atteintes aux droits humains durant la période électorale  », a indiqué Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.

Un responsable du gouvernement a confié à Amnesty International que les nouvelles lois et les équipements adoptés depuis 2008 n’étaient qu’une « goutte d’eau dans l’océan ».

Dans son rapport, Amnesty International dénonce les atteintes persistantes aux droits humains imputables à la police, en dépit de la réforme engagée, notamment les arrestations arbitraires et les mauvais traitements.

Par ailleurs, la police n’assure pas la protection des habitants du delta du Tana, en proie à des violations de leurs droits fondamentaux ; depuis le mois d’août 2012, 200 d’entre eux ont péri et 112 000 ont été déplacés.

Les autorités ne sont guère enclines à prendre des initiatives en vue d’amener la police à rendre des comptes, individuellement ou collectivement, pour ces agissements.

Dans son rapport, Amnesty International exhorte les autorités à mettre immédiatement en place un renforcement des compétences, de sorte que les forces de l’ordre soient en mesure d’empêcher les violences durant les élections – et de ne pas en commettre elles-mêmes.

Elle invite la Commission nationale des Services de police à publier un code de conduite à l’intention des policiers durant la période électorale et à veiller à ce que tous les membres des forces de l’ordre reçoivent une formation avant l’ouverture du scrutin, notamment sur les restrictions à l’usage de la force, et sur des tactiques non violentes comme la négociation et la médiation.

« Les autorités doivent établir une stratégie claire sur le maintien de l’ordre lors des élections", a estimé Sarah Jackson, "et informer la population de la manière dont la police compte empêcher les atteintes aux droits humains et protéger les citoyens. »

Après le scrutin, le gouvernement nouvellement élu devra agir rapidement et affirmer sa volonté de réformer la police et de remédier aux défaillances qui favorisent l’impunité pour les violences policières.

Il devra notamment garantir que tous les corps de police, y compris ceux qui sont responsables des normes, disposent des fonds nécessaires pour mener à bien leur mission essentielle.

« En adoptant des mesures aujourd’hui, avant les élections de mars 2013, et en accordant la priorité à la mise en œuvre de la réforme une fois le scrutin terminé, le gouvernement du Kenya pourra enfin mettre un terme à l’impunité dont la police jouit depuis bien trop longtemps", a fait valoir Sarah Jackson. "Il ne doit pas laisser passer cette occasion. »

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