KENYA. Le gouvernement doit protéger les citoyens pendant le référendum

Index AI : PRE 01/269/2010

ÉFAI - 3 août 2010

Amnesty International appelle les responsables politiques kenyans à ne pas encourager la haine ou la violence interethniques et demande que les forces de sécurité du pays protègent la population des atteintes aux droits humains pendant le déroulement d’un référendum décisif sur une nouvelle Constitution.

Les tensions sont fortes à l’approche de ce scrutin, qui aura lieu le 4 août. Les dernières élections organisées au Kenya, en décembre 2007, ont entraîné une vague de violence à laquelle la police a répondu en commettant des homicides ; plus de 1 000 personnes sont mortes au cours de ces troubles. Selon les estimations des Nations unies, plus de 500 000 personnes ont dû quitter leur foyer.

« Un autre bain de sang n’est pas inévitable tant que les acteurs politiques kenyans agissent de manière responsable, ne ravivent pas les tensions ethniques et évitent de faire des déclarations qui pourraient être interprétées comme prônant la haine interethnique ou l’incitation à la violence, a déclaré Justus Nyang’aya, directeur de la section kenyane d’Amnesty International.

« Le référendum donne également aux forces de sécurité kenyanes l’occasion de montrer qu’elles sont capables de s’acquitter de leurs fonctions en respectant les engagements internationaux en matière de droits humains, en particulier lors d’une telle période d’intensification de la tension politique. »

Durant les élections de 2007, certains agents de la police et des forces de sécurité ont eu recours à une force excessive, notamment en tirant à balles réelles sur des foules, afin de réprimer la violence et les manifestations de grande ampleur.

Dans le cadre de l’accord de partage du pouvoir qui a mis fin à la vague meurtrière de violence faisant suite aux élections présidentielles controversées de 2007, il a été convenu qu’une nouvelle Constitution serait rédigée.

Si elle est adoptée, celle-ci instaurera, entre autres choses, des contrôles du pouvoir du président et garantira un transfert de compétences accru aux régions.

Bien que les organisations de défense des droits humains, à l’approche du référendum constitutionnel, aient demandé à plusieurs reprises aux responsables politiques de modérer leurs propos, il reste inquiétant que des discours de haine aient déjà créé dans certaines parties du pays des divisions qui pourraient déboucher sur de la violence.

La Commission nationale kenyane des droits humains a filmé diverses personnalités politiques en train de tenir des propos haineux pendant leurs meetings de campagne entre mai et juillet 2010. Un député de la Vallée du Rift aurait été arrêté par des policiers et détenu toute une nuit après avoir été accusé de distribuer des tracts conseillant à certaines personnes de quitter sa circonscription.

« Les Kenyans ont la responsabilité de cesser tout acte de violence et tout recours à des propos haineux », a souligné Justus Nyang’aya.

Par ailleurs, Amnesty International est préoccupée par le fait que le gouvernement du Kenya ne remédie pas à l’impunité pour les atteintes aux droits humains et les crimes commis au cours des violences postélectorales en 2007 et 2008 par des civils, des groupes armés et des membres des forces de sécurité et de la police.

« À moins que les auteurs présumés d’atteintes aux droits humains et de crimes ne soient amenés à rendre des comptes, des actes de ce type continueront d’être perpétrés. En ne punissant pas les responsables des atteintes et crimes commis au cours des violences postélectorales, le gouvernement du Kenya donne son feu vert à d’autres violences », a ajouté Justus Nyang’aya.

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