Kho Jabing, ressortissant malaisien, risque d’être exécuté ce vendredi 20 mai

Amnesty International demande au président de Singapour de gracier immédiatement Kho Jabing et d’interrompre tous les projets relatifs à son exécution, actuellement prévue pour vendredi 20 mai. Le mettre à mort constituerait une régression et n’aurait pas d’effet dissuasif contre la criminalité. L’organisation exhorte par ailleurs le gouvernement singapourien à instaurer de nouveau un moratoire sur les exécutions et à commuer toutes les condamnations à mort, à titre de première étape vers l’abolition de la peine capitale dans le pays.

Kho Jabing, ressortissant malaisien, risque d’être exécuté à Singapour vendredi 20 mai ; c’est la seconde fois qu’il se trouve dans cette situation. Kho Jabing et un coaccusé ont été déclarés coupables de meurtre et automatiquement condamnés à mort le 30 juillet 2010. Après que Singapour a révisé en 2012 sa législation imposant obligatoirement la peine de mort pour certains crimes - ce qui permet désormais que la peine soit laissée à la discrétion du juge dans les cas de meurtre et de trafic de stupéfiants -, la Haute cour a estimé le 14 août 2013 que le meurtre dont Kho Jabing avait été reconnu coupable n’était pas intentionnel, et l’a condamné à la réclusion à perpétuité et à 24 coups de canne.

Le 14 janvier 2015, la Cour d’appel a choisi à trois voix contre deux de condamner de nouveau Kho Jabing à la peine capitale. Si les cinq juges ont convenu que les éléments de preuve disponibles ne permettaient pas une reconstitution précise de l’homicide, trois juges ont déclaré que les agissements de Kho Jabing méritaient d’être punis de mort et les deux autres ont affirmé que les éléments disponibles ne prouvaient pas que le meurtre résultait d’un « mépris flagrant pour la vie humaine ». En octobre 2015, le président de Singapour a rejeté le recours en grâce de Kho Jabing et ordonné que son exécution soit fixée au 6 novembre 2015. Un recours de dernière minute a été déposé le 3 novembre 2015, trois jours avant l’exécution prévue, et la Cour d’appel lui a accordé un sursis le 5 novembre. Le 5 avril 2016, le recours a été rejeté et l’exécution reprogrammée.

Comme l’a souligné le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, l’anxiété et le fait de savoir que la mort approche ont un impact sur l’intégrité mentale d’une personne condamnée à la peine capitale et peuvent être assimilés à la torture ou à des traitements cruels, inhumains ou dégradants. Kho Jabing et sa famille ont déjà enduré l’angoisse liée à l’attente d’une exécution, et Amnesty International demande aux autorités singapouriennes de leur épargner des souffrances supplémentaires, en graciant Kho Jabing.

Amnesty International estime par ailleurs que l’exécution imminente de Kho Jabing va à l’encontre de mesures prises par les autorités singapouriennes ces dernières années, qui ont eu pour effet la réduction du recours à la peine de mort dans le pays. Après le moratoire officiel sur les exécutions instauré de 2012 à 2013, au moins 13 personnes ont vu leur condamnation à mort révisée et plus tard commuée, et les nouvelles directives laissant plus de latitude aux juges ont permis d’épargner plusieurs personnes.

La plupart des pays du globe ont désormais aboli ce châtiment, et 140 pays sont abolitionnistes en droit ou en pratique. La peine capitale viole le droit à la vie tel qu’il est proclamé par la Déclaration universelle des droits de l’homme et constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. Amnesty International soutient les appels, figurant notamment dans cinq résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies depuis 2007, en faveur d’un moratoire sur les exécutions en vue de l’abolition de la peine capitale, et exhorte les autorités singapouriennes à renoncer immédiatement aux exécutions, et à commuer toutes les condamnations à mort - y compris celle de Kho Jabing.

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