L’impunité qui règne depuis longtemps pour des crimes contre l’humanité commis au Kosovo va être remise en question après une annonce diffusée aujourd’hui, selon laquelle d’anciens dirigeants de l’Armée de libération du Kosovo (UÇK) vont être inculpés d’enlèvement, de traitements inhumains et de meurtre contre des Serbes du Kosovo et des Kosovars qui se seraient opposés à l’UÇK en 1999, a déclaré Amnesty International mardi 29 juillet.
Dans une déclaration faite au nom de la Task force spéciale d’enquête, mise en place par l’Union européenne, le procureur général Clint Williamson a présenté les chefs d’inculpation qui seront retenus contre de hauts responsables de l’UÇK.
« Jusqu’à 400 Serbes du Kosovo auraient été enlevés par l’UÇK et envoyés en Albanie, où ils auraient ensuite été tués. Cette annonce pourrait bien représenter un pas vers la justice pour leurs familles », a déclaré Sian Jones, spécialiste du Kosovo au sein d’Amnesty International.
Les propos du procureur, qui a reconnu le caractère étendu et généralisé des enlèvements et des meurtres et a affirmé que d’anciens dirigeants de l’UÇK seraient formellement inculpés de crimes contre l’humanité, ont été accueillis avec satisfaction.
Toutefois, le procureur n’a pas été en mesure d’émettre les actes d’inculpation contre les suspects, dont l’identité n’a pas encore été révélée, car le tribunal spécial établi pour juger ces personnes hors du Kosovo n’ouvrira qu’en 2015.
« L’Union européenne et les autorités du Kosovo doivent immédiatement prendre des mesures visant à garantir l’ouverture dans les plus brefs délais du tribunal spécialisé. Tout retard supplémentaire pourrait favoriser l’intimidation des témoins potentiels et permettre aux responsables des faits énoncés de bénéficier de l’impunité », a expliqué Sian Jones.