Kosovo (Serbie). Un pas important pour la justice

DÉCLARATION PUBLIQUE

Index AI : EUR 70/002/2009

Amnesty International salue la condamnation par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, jeudi 26 février 2009, de cinq hommes responsables de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis au Kosovo en 1999.

Nikola Šainovic, ancien vice-Premier ministre yougoslave, Nebojša Pavkovic, général de l’armée yougoslave, et Sreten Lukic, général de la police serbe, ont été condamnés à vingt-deux ans de réclusion chacun pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Vladimir Lazarevic, général de l’armée yougoslave, et Dragoljub Ojdanic, chef d’état-major, ont été reconnus coupables de complicité dans un certain nombre d’expulsions et de transferts forcés de Kosovars (Albanais du Kosovo), et condamnés à quinze ans de détention chacun.

Ce procès a donc finalement abouti à la condamnation de cinq des principaux architectes de la guerre du Kosovo, qui avait fait des milliers de morts et contraint plus d’un million de Kosovars à fuir la région en 1999.

Amnesty International déplore que les médias aient concentré leur attention sur l’acquittement de l’ancien président serbe Milan Milutinovic, faisant passer au second plan ce jugement important qui, dix ans après la guerre, condamne de hauts responsables de la police et de l’armée et offre aux victimes et à leurs proches un début de réparations.

L’organisation regrette néanmoins que le tribunal n’ait pas pu prouver la responsabilité directe des accusés dans les transferts en camions réfrigérés, en 1999, des corps de plus de 800 Albanais tués au Kosovo. La chambre a pu reconnaître les personnes impliquées coupables d’entreprise criminelle commune dans le meurtre des civils kosovars, mais il faudrait aussi mener des enquêtes exhaustives, indépendantes et impartiales sur le rôle des membres de la police et des forces paramilitaires serbes qui ont commis ces homicides, ainsi que sur celui des hauts responsables de ces forces qui ont organisé la dissimulation des preuves en faisant transporter les corps en Serbie et en les faisant enterrer dans des terrains appartenant au ministère de l’Intérieur. En cas de preuves suffisantes, ces enquêtes devraient aboutir à des poursuites contre les responsables.

Amnesty International mène un programme de recherche sur l’impunité persistante dont jouissent les responsables des disparitions forcées de Kosovars pendant la guerre, et exhorte les autorités serbes à faire en sorte que les auteurs de ces transferts de corps et leurs complices soient traduits en justice devant la chambre du tribunal de district de Belgrade chargée des crimes de guerre.

L’organisation engage aussi instamment la mission de l’Union européenne au Kosovo (EULEX) à coopérer avec les autorités serbes dans leurs enquêtes sur les crimes de guerre commis au Kosovo, ainsi qu’à veiller à ce que les forces albanaises du Kosovo responsables d’enlèvements et de meurtres de Serbes, de Roms et de membres d’autres communautés minoritaires soient aussi traduites en justice.

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