L’Angola incarcère des militants des droits humains à la suite de l’attaque contre l’équipe togolaise de football

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-19 janvier 2010

Amnesty International a mis en garde les autorités angolaises contre la répression ciblant des défenseurs des droits humains, plusieurs ayant été placés en détention dans la région de Cabinda au lendemain de l’attaque perpétrée le 8 janvier 2010 contre l’équipe nationale de football togolaise.

Francisco Luemba, éminent avocat et ancien membre de l’organisation de défense des droits humains interdite Mpalabanda (association civique cabindaise), a été arrêté le 17 janvier et inculpé de crimes contre l’État, en lien avec la publication en 2008 d’un livre qui, selon les autorités, incite à la violence et à la rébellion.

Le prêtre catholique Raul Tati a été interpellé le 16 janvier et inculpé lui aussi de crimes contre l’État, tandis que Belchoir Lanso Tati, ancien membre de Mpalabanda, arrêté le 13 janvier, est soupçonné du même crime. Ces deux hommes se sont exprimés sans détour sur les tensions politiques que connaît la région de Cabinda, où le Front de libération de l’État de Cabinda (FLEC) mène une campagne armée en faveur de la sécession du territoire depuis l’indépendance de l’Angola en 1975.

Deux membres de l’encadrement de l’équipe togolaise de football et un chauffeur angolais ont été tués le 8 janvier dans une attaque menée par des hommes armés qui ont ouvert le feu sur le bus de l’équipe togolaise alors qu’il traversait la province de Cabinda. Le FLEC a revendiqué cet attentat contre les footballeurs, qui s’apprêtaient à participer à la Coupe d’Afrique des Nations organisée en Angola.

« Amnesty International demande au gouvernement de veiller à ce que cet événement déplorable ne serve pas à justifier des violations des droits des habitants de Cabinda sous la forme d’arrestations et de détentions arbitraires ou de traitements cruels, inhumains ou dégradants », a indiqué Erwin van der Borght, directeur du Programme Afrique d’Amnesty International.

L’organisation appelle les autorités angolaises à faire en sorte qu’une enquête exhaustive et impartiale sur les circonstances entourant cette attaque soit menée en conformité avec les normes internationales relatives aux droits humains.

Les responsables présumés de ces agissements devront être déférés à la justice et jugés dans le respect des normes internationales d’équité des procès.

Mpalabanda, seule organisation de défense des droits humains auparavant présente à Cabinda, a été interdite en 2006, après avoir été accusée d’incitation à la violence et à la haine.

Elle avait participé au recueil d’informations sur les atteintes aux droits humains perpétrées tant par le gouvernement que par les membres du FLEC.

Le Cabinda est une bande de terre enclavée entre la République démocratique du Congo et le Congo. Reconnu internationalement comme territoire angolais, c’est la principale région exportatrice de pétrole du pays.

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