Communiqué de presse

L’armée yéménite ne doit pas « punir » les manifestants blessés

Il ne faut pas que les forces armées présentes à Sanaa, la capitale yéménite, recourent à la force de manière illégale contre des dizaines de manifestants blessés, a déclaré Amnesty International.

Depuis le 5 février au soir, la quatrième brigade blindée bloque l’accès à une zone située devant le siège du gouvernement, où des manifestants effectuent un sit-in pour réclamer que ceux qui ont été blessés lors du mouvement de protestation de 2011 reçoivent le traitement médical dont ils ont besoin.

Plus de la moitié des quelque 70 personnes rassemblées ont été blessées en 2011. Bon nombre ont entamé il y a peu une grève de la faim.

Elles demandent que les autorités appliquent une décision de justice de novembre 2012 ordonnant que des soins leur soient dispensés, pour une série de problèmes parmi lesquels des lésions à la moelle épinière et des atteintes nerveuses ou musculaires. Deux personnes au moins sont aujourd’hui en fauteuil roulant à la suite des blessures subies.

« La façon la plus simple pour les autorités yéménites de résoudre cette situation est de se conformer à la décision de justice, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Elles doivent immédiatement apporter réparation aux victimes et prendre en charge les personnes qui ont été blessées.

« L’intervention de l’armée contre le mouvement est comme du sel jeté sur les blessures des manifestants. Les opérations en cours ne visent ni plus ni moins qu’à punir ces derniers parce qu’ils ont voulu protester et réclamer justice. »

Depuis que la quatrième brigade blindée, qui est chargée de la protection du siège du gouvernement, a encerclé le lieu où se tient le sit-in, mardi soir, personne n’a été autorisé à entrer dans cette zone ni à en sortir.

Un militant a expliqué à Amnesty International que deux manifestants qui voulaient quitter les lieux pour se rendre dans un magasin des alentours dans la soirée du 5 février avaient été empêchés de le faire par des soldats, qui les avaient frappés. L’un d’eux souffrirait de troubles rénaux.

Les forces de sécurité ont brutalisé des manifestants ces derniers jours, a déclaré ce militant, les frappant notamment à coups de matraque et de crosse de fusil. Plusieurs personnes ont ainsi été blessées le 4 février lors d’une manifestation organisée en solidarité avec les protestataires blessés.
Le 5 février, environ sept personnes ont été empêchées de retourner sur les lieux du sit-in, qu’elles avaient quitté un instant pour se rendre aux toilettes dans une mosquée des environs.

Une dizaine des participants au sit-in ont obtenu gain de cause devant la justice en novembre 2012. Un tribunal a estimé que les autorités yéménites devaient leur fournir les traitements médicaux nécessaires pour soigner les blessures subies durant la contestation de 2011.

Mais selon les témoignages recueillis par Amnesty International auprès de certains des intéressés, le gouvernement traîne les pieds et n’a pas mis en œuvre la décision du tribunal.

« Les personnes blessées lors des manifestations de 2011 risquent de ne pas se rétablir si on leur refuse le traitement dont elles ont besoin ou si l’on tarde à le leur délivrer
, a déclaré Philip Luther. Il est donc vital que les autorités yéménites prennent immédiatement des mesures pour appliquer la décision de justice et donner satisfaction aux manifestants qui réclament des soins adéquats. »

Un autre groupe de manifestants blessés lors des événements de 2011 a saisi la justice il y a trois semaines. Ce groupe de 65 personnes environ a été rejoint par une vingtaine d’autres. Aucune décision n’a encore été rendue.

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