Communiqué de presse

L’Azerbaïdjan doit enquêter sur la campagne de dénigrement visant une journaliste de Radio Free Europe

Après la diffusion en ligne d’un enregistrement vidéo de nature intime, la campagne de dénigrement menée contre une journaliste d’investigation azérie doit donner lieu à une enquête, a déclaré Amnesty International.

Khadija Ismayilova, journaliste travaillant pour Radio Free Europe, enquête sur les liens qui existeraient entre la famille du président Ilham Aliyev et un projet de construction lucratif envisagé à Bakou, la capitale azerbaïdjanaise, en amont du concours Eurovision de la chanson, que le pays accueille en mai.

Le 7 mars, elle a reçu une lettre contenant des images la montrant en plein acte sexuel, après que des inconnus se soient semble-t-il introduits dans son appartement et aient caché des caméras dans sa chambre.

Ces images étaient accompagnées d’un message menaçant, lui ordonnant d’abandonner son travail sans quoi elle serait « couverte de honte ». Elle a refusé et a publiquement dénoncé cette tentative de chantage, ce qui a eu pour résultat la diffusion de la vidéo.

« Cette manœuvre, visant à discréditer une journaliste effectuant une enquête sur la corruption gouvernementale au plus haut niveau, est méprisable », a déploré John Dalhuisen, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

Le 14 mars, la vidéo a été postée sur un faux site Internet, miroir de celui du principal parti d’opposition azerbaïdjanais. Des dirigeants du Parti de l’égalité ont nié tout lien avec ce site.

« Le fait que ceux qui sont à l’origine de cette campagne affligeante aient été en mesure de placer une caméra au domicile de Khadija Ismayilova, puis aient tenté de faire porter la responsabilité de cet acte à un parti de l’opposition semble indiquer que les autorités sont impliquées », a poursuivi John Dalhuisen.

« Cette attaque grave a clairement pour but de détruire sa réputation et de l’exposer à un risque de violence dans un pays majoritairement conservateur comme l’Azerbaïdjan. »

« Les autorités doivent traduire en justice l’ensemble des responsables présumés par le biais d’une véritable enquête, approfondie et impartiale. »

Après avoir reçu les images la semaine dernière, Khadija Ismayilova a publié une lettre ouverte donnant des détails sur les menaces et déclaré qu’elle était prête à affronter les conséquences.

Mardi 13 mars, un article s’en prenant avec férocité à sa personne a paru dans Yeni Azerbaijan, un journal appartenant à l’État.

Khadija Ismayilova s’est déjà attiré les foudres des autorités azerbaïdjanaises à plusieurs reprises par le passé.

D’après un télégramme de l’ambassade américaine divulgué par Wikileaks en janvier 2009, le président Aliyev s’était plaint d’elle lors d’une réunion avec un haut représentant américain, la décrivant comme « une militante d’opposition de longue date qui se considère comme une ennemie de l’État ».

Le président Aliyev aurait demandé à l’ambassadeur américain à Bakou de faire pression en faveur de son licenciement de Radio Liberty, financée par les États-Unis.

La journaliste a déclaré à Amnesty International qu’elle ne cèderait pas aux menaces :

« Ils pensaient que ça me détruirait, mais leurs manœuvres se retournent contre eux. Maintenant le monde entier va savoir comment les journalistes indépendants sont traités en Azerbaïdjan. »

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