Communiqué de presse

L’Azerbaïdjan érige en infraction la liberté d’expression sur Internet à l’approche des élections

Les autorités azerbaïdjanaises ne doivent pas se servir de l’élection présidentielle comme d’un prétexte pour réduire au silence les voix discordantes et étouffer tout véritable débat, a déclaré Amnesty International alors qu’une disposition pénale étend la répression de la diffamation à Internet.

Le 14 mai, le Parlement azerbaïdjanais a approuvé un amendement à la loi relative à la diffamation prévoyant de lourdes amendes et peines de prison pour toute personne reconnue coupable de diffamation ou d’insulte sur Internet. Cette disposition constitue une nouvelle attaque contre la liberté d’expression en Azerbaïdjan.

D’après l’agence de presse officielle APA, les personnes déclarées coupables de diffamation encourent une amende pouvant aller jusqu’à 500 Manats azerbaïdjanais (environ 500 euros), une peine de rééducation par le travail d’un an ou une peine de prison de six mois. La sanction en cas d’« insulte » en ligne est encore plus rude : une amende pouvant aller jusqu’à 1 000 Manats azerbaïdjanais (environ 1 000 euros), une peine de rééducation par le travail d’un an ou une peine de prison de six mois maximum.

Cette dernière mesure s’inscrit dans une série de dispositions toujours plus restrictives – dont des actions visant à museler les grands médias et le durcissement des sanctions à l’égard des manifestants pacifiques – à l’approche de l’élection prévue au mois d’octobre.

« La crainte qu’éprouvent les autorités azerbaïdjanaises face aux voix dissidentes les a déjà incitées à tenter d’empêcher les manifestants pacifiques de descendre dans la rue et de bâillonner les grands organes de presse. Cette nouvelle disposition vise à bloquer l’un des derniers canaux de protestation légitime, à savoir Internet, a déploré David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Il est évident au vu du calendrier de ces mesures toujours plus répressives que les autorités cherchent à réduire au silence toute critique et à étouffer tout débat de fond avant l’élection du mois d’octobre.

« Les lourdes amendes prévues au titre de cette loi auront un effet dissuasif sur la liberté d’expression, générant une autocensure parmi les militants et les voix indépendantes. »

Le gouvernement d’Ilham Aliyev – à la tête de l’État depuis 10 ans, après avoir succédé à son père au pouvoir pendant 10 ans – exerce un contrôle serré de l’opinion publique en restreignant fortement la liberté d’expression en Azerbaïdjan, où l’élection présidentielle se déroulera en octobre.

Outre les mesures législatives mises en place ces deniers mois, des candidats de l’opposition ont été victimes d’attaques violentes, des militants ont été fréquemment arrêtés lors de manifestations hostiles au gouvernement, et des journalistes indépendants ont fait l’objet de violences et ont été empêchés de faire leur travail.

Même avant l’adoption des récentes lois relatives à la diffamation, toute critique visant la famille du président a bien souvent provoqué une réaction rapide et sévère de la part des autorités. En mars 2012, deux musiciens ont été arrêtés et torturés après avoir insulté feue la mère du président lors d’un concert.

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