Communiqué de presse

L’Azerbaïdjan place un jeune militant en détention dans le cadre de la répression post-Eurovision

Un jeune opposant azerbaïdjanais a passé le week-end en détention au secret, après avoir été arrêté dans la capitale Bakou par un groupe d’hommes habillés en civil, samedi 29 septembre. Il s’agit du dernier épisode de la vague d’arrestations de militants que constate Amnesty International depuis que la ville a accueilli le concours Eurovision de la chanson en mai 2012.

Zaour Gourbanli, 25 ans, a finalement été autorisé à s’entretenir avec son avocat lundi 2 octobre, après avoir écopé de 15 jours de prison pour « résistance lors de son arrestation. » L’Unité de lutte contre le crime organisé, qui serait responsable de sa détention, a déclaré poursuivre ses investigations pour possession de « documents illégaux ».

« Les militants de l’opposition en Azerbaïdjan sont couramment placés en détention sous le prétexte d’avoir résisté à la police, ce qui laisse aux autorités 15 jours pour constituer un dossier contre eux. », a indiqué John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

Zaour Gourbanli est le président de Nida, mouvement de jeunes opposants qui fait campagne en faveur de la démocratie et des droits humains. Il a participé à la campagne Chanter pour la démocratie, qui a convaincu la gagnante de l’Eurovision 2012, Loreen, de condamner les atteintes aux droits humains commises en Azerbaïdjan.

Lors d’un rapide coup de téléphone passé à un ami samedi 29 septembre, il a expliqué qu’un groupe d’hommes en civil l’avaient abordé devant son appartement à Bakou et s’étaient présentés comme des agents de l’Unité de lutte contre le crime organisé.

Ces hommes se seraient emparés de Zaour Gourbanli sans lui fournir aucune explication, se contentant de lui dire qu’ils l’emmenaient au poste du district de Yasamal. Lorsque son avocat a contacté le poste de police, les agents lui ont répondu qu’il ne s’y trouvait pas.

Lors de son interpellation, l’ordinateur portable de Zaour Gourbanli et des documents de Nida ont été saisis dans son appartement, ainsi que divers documents et articles dans le bureau d’une autre ONG dont il fait partie, Positive Change, ce qui laisse à penser qu’il a été pris pour cible en raison de son activité politique.

Les membres du personnel de Positive Change ont été contraints de donner leurs noms, de se faire prendre en photo et de remettre aux autorités la liste de leurs membres. Les agents de l’Unité de lutte contre le crime organisé ont conduit Zaour Gourbanli dans le bureau de l’ONG sans menottes ni méthodes de contrainte, ce qui fait planer de gros doutes sur la version selon laquelle il a opposé une résistance lors de son arrestation.

Blogueur régulier, Zaour Gourbanli a récemment posté un article dénonçant la corruption du gouvernement et le népotisme. Il tournait en dérision le fait qu’au programme des écoles du pays figure désormais la lecture obligatoire d’un poème écrit par la fille du président Ilham Aliyev.

« Tout se passe comme si les autorités azerbaïdjanaises avaient décidé que Zaour Gourbanli a franchi la ligne rouge lorsqu’il s’est moqué de la famille du président. », a estimé John Dalhuisen.

« S’il est inquiété en raison de ses activités en ligne et politiques légitimes, il doit être relâché sans délai. »

Les critiques visant la famille du président déclenchent bien souvent une réponse rapide et brutale de la part des autorités azerbaïdjanaises. En mars, deux musiciens ont été arrêtés et torturés après qu’ils ont insultés feue la mère du président lors d’un concert.

Zaour Gourbanli est le dernier d’une série de jeunes militants et défenseurs des droits humains à être inquiétés pour leur rôle dans la campagne Chanter pour la démocratie. Mehman Housseïnov, 23 ans, est actuellement jugé pour que coordinateur Médias au sein de la campagne.

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