L’État réprime la satire politique

En réaction à l’interdiction par le gouvernement russe d’un portrait retouché représentant le président Vladimir Poutine portant du rouge à lèvres et du mascara, popularisé dans les médias à travers le monde sous le nom de mème du « clown gay », Sergueï Nikitine, directeur du bureau de Moscou d’Amnesty International, a déclaré :

« En appliquant une interprétation douteuse de la justice, les autorités russes ont choisi d’utiliser la législation sur la lutte contre l’extrémisme pour réduire au silence la liberté d’expression pacifique, alors que dans le même temps, l’homophobie soutenue par l’État inspire des vagues de violence à travers le pays.

« Au lieu de réprimer la satire politique, l’État devrait employer tout son appareil judiciaire à enquêter sur les récentes informations faisant état d’enlèvements, de torture et d’homicides de masse contre des hommes gays en Tchétchénie. »

Complément d’information

Il est apparu cette semaine qu’une image satirique du président Vladimir Poutine portant du maquillage, avec la légende « Des personnes votant pour Poutine… Ils disent qu’il y en a beaucoup, mais il n’y en a aucune parmi mes connaissances », a été ajoutée à la liste des « documents extrémistes » tenue par le ministère de la Justice.

L’image est apparue pour la première fois en réaction à une loi de 2013 interdisant « la propagande en faveur de l’homosexualité auprès des mineurs », qui restreint les droits humains et qui a exacerbé l’homophobie.

Le site du ministère de la Justice indique que l’image insinue « l’orientation sexuelle présumée non-traditionnelle du président de la Fédération de Russie ». Elle a été interdite par le tribunal du district central de Tver, dans le centre de la Russie, en mai 2016 avec d’autres images mises en ligne sur le réseau social russe Vkontakte par le prévenu Alexandre Tsvetkov.

Le 1er avril, le quotidien russe Novaya Gazeta a révélé qu’au moins 100 hommes, perçus comme étant homosexuels, avaient été enlevés dans la région russe de Tchétchénie et que trois d’entre eux avaient été tués, apparemment dans le cadre d’une campagne homophobe organisée.

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