L’Europe doit rompre le cycle de la discrimination envers les Roms

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-7 avril 2010

Amnesty International appelle l’Union européenne (UE) et ses États membres à prendre des mesures concrètes pour rompre le cycle de la discrimination, de la pauvreté et de l’exclusion que subissent les communautés roms en Europe.

À la veille du deuxième sommet européen sur l’inclusion des Roms, qui se tiendra à Cordoue (Espagne) le 8 avril 2010, Amnesty International engage l’UE à mettre au point une stratégie globale pour garantir aux Roms l’égalité et la non-discrimination.

« Malgré la discrimination systématique envers les millions de Roms vivant sur le continent, l’UE n’amène pas les autorités nationales à rendre des comptes lorsqu’elles n’assument pas leurs responsabilités, a déclaré Claudio Cordone, secrétaire général par intérim d’Amnesty International.

« Les dirigeants de l’UE doivent adopter un plan d’action concret pour lutter contre les atteintes aux droits humains subies par les communautés roms. Ils doivent dénoncer les attaques racistes et les propos haineux, ainsi qu’apporter des mesures concrètes pour mettre fin à la discrimination dans l’accès au logement, à l’éducation, à la santé et à l’emploi. »

Amnesty International, comme d’autres organisations non gouvernementales roms ou autres, a montré que les autorités de certains pays d’Europe ne protègent pas les communautés roms des discriminations imputables aux acteurs tant publics que privés. L’organisation a attiré l’attention sur le fait que les États, à maintes reprises, n’ont pas pris de mesures pour mettre fin à la ségrégation dont sont victimes les enfants roms au sein du système scolaire et pour garantir le droit des communautés roms à un logement convenable.

Le document d’Amnesty international intitulé Halte aux expulsions forcées de Roms en Europe, publié ce mercredi 7 avril, met en évidence la façon dont les communautés roms sont expulsées de force.

Vivant dans des quartiers délaissés, elles sont souvent expulsées sans préavis adéquat ni consultation préalable et sans qu’aucune solution de relogement leur soit proposée. Par conséquent, les victimes d’expulsions forcées se retrouvent généralement sans abri ou dans des conditions de logement et de vie déplorables. Beaucoup perdent en outre leurs biens et l’accès éventuel qu’elles avaient à l’éducation, aux sources d’emploi et aux services publics.

Le document d’Amnesty International révèle comment des États européens tels que la Bulgarie, la Grèce, l’Italie, la Roumanie et la Serbie procèdent à des expulsions forcées en violation de leurs obligations au regard du droit international. En ne fournissant pas de solution de relogement convenable aux Roms ou en les réinstallant dans des quartiers isolés, ils perpétuent la ségrégation dont souffrent les communautés roms.

«  Les Roms sont des citoyens d’Europe et les dirigeants européens doivent veiller à ce qu’ils aient les mêmes droits et devoirs que leurs compatriotes. Il ne peut y avoir de citoyens de seconde zone dans l’Europe du XXIe siècle, a souligné Claudio Cordone.

« Lors du sommet de Cordoue, il faut que les dirigeants de l’UE élaborent une politique européenne cohérente pour lutter contre la discrimination envers les Roms en Europe. Ils doivent manifester une volonté politique de faire de l’inclusion des Roms une réalité. »

Le document d’Amnesty International présente notamment les cas suivants :
• En Bulgarie, au moins 200 Roms se sont retrouvés sans abri lorsque les autorités locales les ont expulsés de force et ont démoli leurs habitations dans les campements de Gorno Ezerovo et de Meden Roudnik, à Bourgas, une ville située au bord de la mer Noire, en septembre 2009.
• En Italie, le plan « nomades » qui a débuté en juillet 2009 à Rome prévoit la destruction d’une centaine de campements roms dans la capitale. Quelque 6 000 roms doivent être réinstallés, sans avoir été consultés comme il se doit, dans seulement 13 camps nouveaux ou étendus situés en banlieue. Ce projet va probablement laisser plus de 1 000 Roms sans logement.
• Le 3 avril 2009, les autorités serbes ont expulsé de force 250 Roms du campement provisoire qu’ils occupaient à Novi Beograd. Pour beaucoup de résidents, qui avaient été initialement déplacés du Kosovo, ce n’était pas la première fois qu’ils étaient arrachés à leur domicile. Les autorités ont mis des conteneurs à leur disposition dans un autre endroit de Belgrade, mais des habitants de ce quartier ont tenté d’y mettre le feu. Aucune solution de relogement convenable n’a été proposée à ces familles roms.
• En Grèce, depuis juin 2006, une centaine de familles roms initialement installées dans le centre d’Athènes ont été expulsées de force à quatre reprises. À aucun moment elles n’ont été consultées et on ne leur a jamais proposé de solution de relogement.
• En 2004, plus de 100 Roms ont été expulsés de force d’un immeuble situé dans le centre-ville de Miercurea-Ciuc, au centre de la Roumanie. La plupart ont été réinstallés par les autorités dans des préfabriqués en métal à la périphérie de la ville, à proximité d’une station d’épuration des eaux. Certains ont décidé de s’installer à côté d’une décharge voisine plutôt que de vivre près de la station d’épuration. Les logements provisoires situés près de la station d’épuration se trouvent dans le périmètre de protection fixé à 300 mètres par la loi roumaine afin de protéger les habitations contre les risques toxiques éventuels. Le calvaire de ces familles roms dure depuis six ans.

Voir également :
The Wrong Answer - Italy’s “Nomad Plan” violates the housing rights of Roma in Rome no index numbers ?
Traités comme des moins que rien. En Roumanie, des maisons de Roms sont détruites et leur santé est menacée
Injustice renamed : Discrimination in education of Roma persists in the Czech Republic

Note aux rédacteurs
Le travail d’Amnesty International sur les problèmes concernant les Roms s’inscrit dans le cadre de sa campagne mondiale Exigeons la dignité, qui appelle à la fin des violations des droits humains qui alimentent et aggravent la pauvreté. Cette campagne encourage les gens dans le monde entier à exiger que les gouvernements, les grandes entreprises et les autres détenteurs du pouvoir écoutent la voix de ceux qui vivent dans la pauvreté, et reconnaissent et protègent leurs droits.

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